
Emmanuel Macron s'est rendu, mardi, au Mémorial de la Shoah, à Paris, pour dénoncer la montée de l'antisémitisme en France. Il s'était auparavant recueilli au cimetière juif de Quatzenheim, en Alsace, profané dans la nuit.
"La République est un bloc", a déclaré Emmanuel Macron à Paris, mardi 19 février au soir. A lors que des rassemblements contre l'antisémitisme se tenaient partout en France à l'appel de la classe politique, le chef de l’État s'est rendu au Mémorial de la Shoah en compagnie des présidents des deux chambres du Parlement, pour se recueillir et déposer une gerbe.
Cet hommage a eu lieu au même moment qu'un rassemblement, place de la République, à Paris, de plusieurs milliers de personnes contre l'antisémitisme, où devait se rendre le Premier ministre, Édouard Philippe, ainsi que de nombreuses personnalités politiques.
C'est le premier déplacement d'Emmanuel Macron au Mémorial de la Shoah depuis le début de son quinquennat. Candidat, il s'y était rendu entre les deux tours de la présidentielle. Le chef de l'État, déplorant un "échec" français dans la lutte contre l'antisémitisme, a dit vouloir "frapper les consciences".
Il était notamment entouré de Mario Stasi, président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme et de différents représentants des cultes, dont Francis Kalifat (président du CRIF), Anouar Kbibech (Conseil français du culte musulman), Dalil Boubakeur (Recteur de la grande mosquée de Paris) ou Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général de la conférence des évêques de France.
Plus tôt dans l'après-midi, il s'était recueilli dans le cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin), où une centaine de tombes ont été profanées dans la nuit de lundi à mardi.
"On prendra des lois, on punira"
Sur place, il a promis la plus grande fermeté contre l'antisémitisme. "On prendra des actes, on prendra des lois, on punira", a déclaré le chef de l'État, s'entretenant avec des habitants consternés à Quatzenheim (Bas-Rhin).
Il a tenu à "témoigner la solidarité de la nation tout entière" et à rappeler sa "détermination entière à lutter contre l'antisémitisme sous toutes ses formes". Accompagné du grand rabbin de France Haïm Korsia, et portant la kippa, il s'est recueilli devant plusieurs tombes, marquées à la bombe de croix gammées bleues et jaunes.
Le chef de l'État s'exprimera aussi sur le sujet mercredi, au cours du dîner annuel du Crif.
"Pénaliser l’antisionisme n’est pas une solution"
"Il faut ensuite que les mouvements politiques vivent ce qu'ils ont décidé de convoquer ensemble et c'est une bonne chose", a-t-il poursuivi, en référence aux multiples manifestations face à la montée des actes antisémites, en augmentation de 74 % en 2018.
Le chef de l’État s'est également prononcé contre l'idée, avancée par des députés de la majorité, de pénaliser l'antisionisme au même titre que l'antisémitisme.
"Je ne pense pas que pénaliser l'antisionisme soit une bonne solution", a-t-il tranché.
"Ceux qui aujourd'hui dans le discours veulent la disparition d'Israël sont ceux qui veulent s'attaquer aux Juifs", a-t-il concédé. Je pense néanmoins que lorsqu'on rentre dans le détail, la condamnation pénale de l'antisionisme pose d'autres problèmes".
À l'Assemblée, le Premier ministre , Edouard Philippe , a évoqué la possibilité d'inscrire dans la loi "avant la fin de l'année" des dispositions visant à "mettre en cause la responsabilité" des réseaux sociaux lorsqu'ils colportent des propos haineux tombant sous le coup de la loi.
L'exécutif n'est en revanche pas favorable à la pénalisation de l'antisionisme, une proposition émanant de députés membres du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur l'antisémitisme.
Avec AFP et Reuters