
Lutte contre le terrorisme, économie, culture... Le président français a abordé de nombreux thèmes avec son homologue égyptien, y compris la question sensible des droits de l'Homme.
Emmanuel Macron a été accueilli en grande pompe, lundi 28 janvier, au Caire, par le président Abdel Fattah al-Sissi au deuxième jour de sa visite officielle en Égypte. Allié "stratégique" de la France dans la lutte contre le terrorisme, le gouvernement est cependant décrié pour ses violations des droits de l'Homme.
Lors d'une conférence de presse au côté de son homologue Abdel Fattah al-Sissi, Emmanuel Macron a notamment déclaré que la stabilité et la sécurité de l'Égypte "ne sauraient être dissociées de la question des droits de l'Homme". "La véritable stabilité passe par la vitalité de la société", a par ailleurs déclaré le chef d'État, avant d'ajouter : "La stabilité et la paix durable vont de pair avec le respect des libertés de chacun et d'un État de droit".
"On peut se dire les choses de manière très franche"
En recevant le président égyptien en octobre 2017, il avait refusé de lui "donner des leçons" sur cette question sensible, provoquant l'indignation des associations. "On peut se dire les choses de manière très franche (...) sans considérer qu'on vient ni donner des leçons ni déstabiliser", a dit le chef d’État français. "C'est ce que j'ai fait avec le président Sissi"."Les choses ne sont pas allées dans la bonne direction depuis octobre 2017", a-t-il estimé en soulignant que, depuis cette date, des "blogueurs, des journalistes et des activistes" ont été emprisonnés. Emmanuel Macron a ensuite estimé qu'une "société civile dynamique, active, inclusive reste le meilleur rempart contre l'extrémisme et une condition même de la stabilité".
En réponse à ces questions soulevées par son homologue français, le président Sissi a dit : "nous ne sommes pas comme l'Europe ou comme l'Amérique (...), on ne peut pas imposer à toutes les sociétés un seul chemin". "N'oubliez pas que nous sommes dans une région troublée", a-t-il dit en estimant que "le projet d'établir un État religieux" n'avait "pas réussi en Egypte" - une référence notamment à la présidence de l'islamiste Mohammed Morsi en 2012-2013. L'Égypte "ne sera pas construite par les blogueurs mais par le travail, l'effort et la persévérance", a-t-il ajouté. "Nous ne voulons pas que les droits humains en Égypte se résument uniquement aux blogueurs".
Une utilisation qui doit être exclusivement militaire
Le président français s’est aussi exprimé sur les armes vendues à l’Égypte. Selon lui, elles doivent être utilisées uniquement à des fins militaires, ce qui a été le cas à une exception près dans le passé. Emmanuel Macron a précisé que sur 200 interventions, un blindé a été utilisé une fois hors de ce cadre, en 2013, ce qui a donné lieu à une explication avec les autorités égyptiennes.
"Il est très clair que pour nous l'utilisation de ces blindés est une utilisation qui doit être exclusivement militaire et c'est clair entre nous", a-t-il dit lors de cette conférence de presse. Concernant les ventes d'armes récentes ou en discussion, "il n'y a aucune ambiguïté possible : ce sont des sujets pour défendre, protéger le territoire égyptien contre des ennemis venant de l'extérieur", a poursuivi Emmanuel Macron.
Il n'a pas voulu préciser l'état des discussions portant sur la vente d'avions de combat Rafale (Dassault Aviation), en plus des 24 appareils déjà signés. "Nous poursuivons le travail et il se poursuivra dans les prochains mois", a-t-il seulement déclaré.