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Nancy Pelosi est redevenue, jeudi, "Speaker" de la Chambre des représentants lors de la rentrée parlementaire américaine. L'élue démocrate a promis de travailler avec les républicains dans le respect et la vérité.

Elle avait occupé le poste durant quatre ans entre 2007 et 2011. La démocrate Nancy Pelosi a repris, jeudi 3 janvier, la tête de la Chambre des représentants des États-Unis en appelant au "respect" dans une Amérique divisée. Son retour historique au perchoir marque le début d'une nouvelle ère d'opposition au président républicain Donald Trump qui s'apprête à faire face à une fin de mandat difficile.

Le 116e Congrès américain s'est réuni pour la première fois jeudi : 435 nouveaux élus à la Chambre des représentants, désormais contrôlée par les démocrates, et 100 sénateurs au Sénat, qui reste sous contrôle républicain.

"Nous ne nous faisons pas d'illusions, notre travail ne sera pas facile", a déclaré Nancy Pelosi après avoir repris le marteau de "Speaker", qu'elle avait déjà tenu entre 2007 et 2011 lorsqu'elle était devenue la première femme de l'Histoire américaine à accéder à ce poste crucial.

"Mais promettons que lorsque nous ne serons pas d'accord, nous nous respecterons et nous respecterons la vérité", a-t-elle ajouté, alors que Donald Trump est régulièrement accusé de mentir.

Dans une joyeuse cacophonie rythmée par les pleurs d'un bébé, entourée de ses petits-enfants et des enfants d'autres élus venus assister à la cérémonie, Nancy Pelosi, 78 ans, a prêté serment après avoir été élue par 220 voix.

Devant une nouvelle Chambre qui multiplie les "premières", elle a salué l'arrivée de nouveaux membres dont "l'optimisme, l'idéalisme" vont "renforcer" la démocratie.

Rassembler au-delà des lignes partisanes

Affirmant reprendre ce poste avec "grand espoir et confiance en l'avenir", Nancy Pelosi a reconnu les "défis" qui l'attendent. Elle a dit vouloir protéger la classe moyenne, alors que Donald Trump avait su, en 2016, séduire certains des déçus du "rêve américain".

Mais elle a aussi eu un message d'ouverture envers les migrants, disant vouloir protéger les "Dreamers", arrivés sans-papiers aux États-Unis lorsqu'ils étaient mineurs.

Sur l'environnement, Nancy Pelosi a eu des mots très forts alors que Donald Trump a retiré les États-Unis de l'accord de Paris. "Nous devons aussi adresser la menace existentielle de notre époque : la crise climatique", a déclaré la démocrate.

Si elle a affirmé vouloir rassembler au-delà des lignes partisanes, elle entame son mandat sur un premier bras de fer avec Donald Trump : elle soumettra à un vote, dès la fin de journée, des mesures budgétaires temporaires qui permettraient de débloquer les administrations américaines, partiellement paralysées depuis le 22 décembre.

La Maison Blanche a par avance rejeté ces projets de loi, car ils n'incluent pas cinq milliards de dollars pour financer le mur voulu par le président à la frontière avec le Mexique afin de lutter contre l'immigration clandestine.

"On ne me critiquerait pas si je n'étais pas efficace"

Donald Trump et Nancy Pelosi n'en sont pas à leur première joute. Le républicain en a fait un épouvantail de campagne électorale, qu'il cite à l'envi pour dénoncer l'establishment démocrate et les maux de Washington.

"Je félicite Nancy pour son élection", a déclaré le président américain lors d'une conférence de presse improvisée mercredi soir. "J'espère que nous pourrons travailler ensemble et que nous réaliserons beaucoup de choses, comme des infrastructures et beaucoup d'autres choses. Et je sais qu'ils le veulent vraiment", a déclaré Donald Trump à propos de l'opposition démocrate.

Nancy Pelosi a, de son côté, invité, dans une lettre publiée sur Twitter, le président des États-Unis à prononcer le traditionnel discours sur l'état de l'Union devant le Congrès au complet le 29 janvier prochain.

Les conservateurs dénoncent l'"arrogance" de cette épouse d'un homme d'affaires millionnaire. Et même dans les rangs démocrates, cette habituée des rouages de la politique a reçu de dures critiques lors des dernières élections parlementaires de novembre, lorsqu'une jeune garde progressiste a renié son autorité en allant jusqu'à jurer de ne pas voter pour elle comme "Speaker".

Mais en acceptant de limiter la durée de son mandat et en distribuant plusieurs postes à responsabilités, elle a su finalement convaincre un nombre suffisant de rebelles. "Je ne me sens pas forcément haïe. Je me sens respectée. On ne me critiquerait pas si je n'étais pas efficace", a-t-elle confié dans un entretien récent au magazine Elle.

"Je me vois comme une législatrice experte", notamment en grande partie responsable du passage houleux de la grande réforme de la santé de Barack Obama, et qui sait aussi facilement lever des millions de dollars pour les candidats démocrates aux élections parlementaires.

Considérée comme une modérée dans sa circonscription de San Francisco, elle défend avec ferveur la protection des minorités sexuelles et du droit à l'avortement.

Mère de cinq enfants, Nancy D'Alesandro est née le 26 mars 1940 à Baltimore dans une famille italo-américaine catholique. Son père et son frère ont été maires de cette grande ville. Diplômée du Trinity College de Washington, elle s'installe ensuite à San Francisco avec son époux, Frank Pelosi, qui fait fortune.

Elle gravit les marches du parti démocrate et remporte en 1987, à 47 ans, sa première élection à la Chambre. En 2003, elle devient la patronne de la minorité démocrate. Pour réussir dans le monde politique américain, dit-elle, il faut être capable de "prendre des coups".

Avec AFP