![40e édition des Transmusicales : "La Bretagne a toujours été un terreau fertile pour les rencontres" 40e édition des Transmusicales : "La Bretagne a toujours été un terreau fertile pour les rencontres"](/data/posts/2022/07/23/1658605399_40e-edition-des-Transmusicales-La-Bretagne-a-toujours-ete-un-terreau-fertile-pour-les-rencontres.jpg)
Des artistes en émergence et des publics, au pluriel. Plus qu'un festival, les Trans jouent un rôle prescripteur dans les musiques de demain. Rencontre avec le duo Jean-Louis Brossard / Béatrice Macé, artisans de la fête.
Quand on leur demande "ce que ça fait" d'en être déjà à la 40e édition des Transmusicales, Jean-Louis Brossard et Béatrice Macé, ces tauliers de l'un des festivals les plus mythiques de France, ont la flegmatique humilité des gens de terrain. "Oh. C'est un chiffre rond donc ça attire l'œil... mais ça n'est pas une étape. Quand on est dans le jus, dans les préparatifs, on ne se rend compte de rien. Et puis, c'est comme ça que l'histoire du festival se construit : année après année ! Chaque édition est aussi importante que la précédente et la suivante. Et aucune ne ressemble à une autre...", explique Béatrice Macé à France 24.
Réputées pour être l'une des manifestations les plus singulières de la scène culturelle, les Trans ont toujours endossé un rôle de "tête chercheuse" des musiques actuelles, comme aime à le rappeler la presse qui souligne souvent que c'est là qu'ont été révélés en France Nirvana, Björk, les Daft Punk ou encore Amadou et Mariam.
Jean-Louis Brossard, "l'oreille" du festival et défricheur fou, se réjouit du constant dépassement des frontières. "On a commencé avec une programmation rock et un peu de jazz. On s'est ensuite ouvert à la techno, la house, le hip hop... et aujourd'hui, à une multitude de sous-genres musicaux. Cette année, beaucoup d'artistes viennent de pays africains. C'est là que se crée la nouvelle musique !"
Du groupe arménien "The Naghash Ensemble" pour qui il a eu un coup de cœur en les voyant dans une église à Rouen – "ça m'a donné envie de le montrer aux gamins..." – au bordelais Dombrance et ses prods électroniques en passant par le groupe de rock psychédélique moyen-oriental Al-Qasar et Disiz La Peste "que les gens connaissent déjà, mais que j'ai programmé parce qu'il revient avec un dispositif scénique inédit", Jean-Louis Brossard met un point d'honneur à donner à voir sur scène "ce que l'on n'a pas déjà vu ailleurs".
Le temps de quelques jours, Rennes devient alors la capitale des musiques. Une telle sauterie pouvait-elle avoir lieu ailleurs ? "Les Trans ont toujours bénéficié de ce truc typique de l'ADN breton : le sens de la fête, les bars, la musique dans les bistrots parce qu'il fait moche dehors...", développe Jean-Louis Brossard. "La Bretagne a toujours été un terreau fertile pour les rencontres. Entre les fest-noz et les scènes rennaises, il y a constamment une habitude d'être ensemble", explique également Béatrice Macé.
Contrairement aux festivals d'été, ce festival de décembre ne repose pas sur les journées à rallonge, celles qui trichent avec la nuit quand le soleil s'étire. "On a sûrement une prog' qui va bien avec le moment où il fait noir plus tôt", analyse Béatrice Macé.
Facilitateurs de rencontres
Dans ce duo d'infatigables créateurs de concerts, chacun a son rôle bien défini. Une répartition naturelle. "Nos missions respectives sont le prolongement de nos inclinaisons personnelles. Avant d'être directeurs de festival, on a surtout été des amateurs volontaires...", raconte celle qui a d'abord voulu être archéologue avant de se faire une place dans le monde de la nuit rennaise. Si Jean-Louis Brossard est le programmateur qui passe des heures et des heures à passer au peigne fin les musiques d'aujourd'hui, c'est à elle que l'on doit toute l'architecture de l'événement. "Mon travail, c'est de traduire les idées en actions", résume-t-elle. "À nous deux, nous sommes des artisans et des facilitateurs de rencontres".
Dans le lexique des Trans, le mot "rencontres" a toute son importance. "Que veut dire organiser un festival à l'heure où "il existe en France plus de 5 000 événéments par an pouvant entrer dans cette catégorie" ? "Le festival est une contraction spatio-temporelle. C'est un moment dédié dans un espace identifié, avec une certaine énergie et une configuration du spectacle vivant incomparable". D'autant plus que "le festival est le seul événement qui a généré un nom pour son public : les festivaliers. Pour tous les autres lieux tels que l'opéra ou le théâtre, "on parle simplement de spectateurs". Aux Trans, le projet, c'est de s'intéresser à ce que l'on ne connaît pas. Et de parler aux artistes comme aux publics", développe-t-elle.
"Les publics". Dans l'équipe des Trans, le mot est toujours employé au pluriel. "La musique s'adresse à plein de gens, d'âges différents, de cultures différentes... Nous voulons honorer ces différentes populations. Et si notre aura est aujourd'hui internationale, notre envergure, elle, demeure bien régionale", tient à préciser Béatrice Macé, pour qui il est important que les Trans restent connectées à son ancrage symbolique et géographique. Cours de danse, rencontres, ateliers... Dès les années 2000, les Trans ont pris à bras le corps une mission d'action culturelle à l'année consistant en l'organisation de plusieurs centaines (environ 400) d'événements d'éducation artistique et culturelle par an. Des rendez-vous qui sont autant de dialogues avec une foule éclectique et de mises en place d'une expérience.
Dans ce flux régulier de rencontres, les Transmusicales sont le point d'orgue. Celui durant lequel "on distribue des madeleines aux enfants après un concert l'après-midi" et "on mange des galettes saucisses tard dans la nuit après un set, un peu comme quand à l'époque on terminait au petit matin sur le marché", se souvient Jean-Louis Brossard.
– Site Internet Les Trans
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