L'Ukraine, qui accuse la Russie de vouloir occuper la mer d'Azov, a demandé jeudi aux pays membres de l'Otan de déployer des navires dans cette mer où trois navires ukrainiens ont été interceptés le 25 novembre par les garde-côtes russes.
L'escalade se poursuit entre Kiev et Moscou. Le président ukrainien Petro Porochenko a demandé aux pays membres de l'Otan, et notamment à l'Allemagne, de déployer des navires en mer d'Azov pour soutenir Kiev dans son bras de fer avec Moscou, après un accrochage avec les forces russes au large de la Crimée.
"L'Allemagne est l'un de nos plus proches alliés et nous espérons que des pays au sein de l'Otan sont désormais prêts à dépêcher des navires en mer d'Azov pour aider l'Ukraine et y assurer la sécurité", a déclaré le président Porochenko dans une interview, publiée jeudi 29 novembre, par le quotidien allemand Bild.
Le président russe Vladimir Poutine "ne veut rien de moins qu'occuper la mer (d'Azov). Le seul langage qu'il comprenne est l'unité du monde occidental", a poursuivi Petro Porochenko. "L'Allemagne doit également se demander : que fera ensuite Poutine si nous ne le stoppons pas", a averti le président ukrainien.
Les garde-côtes russes ont intercepté par la force dimanche trois navires de la Marine ukrainienne en mer Noire, non loin de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie en 2014, tirant sur eux et faisant trois blessés parmi les marins à leur bord.
Il s'agit de la première confrontation militaire ouverte entre Moscou et Kiev depuis cette annexion et le début, la même année, d'un conflit armé dans l'est de l'Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes pro-russes qui a fait plus de 10 000 morts.
L'Ukraine ne décolère pas après ce qu'elle considère être une agression de son gigantesque voisin. La loi martiale, votée lundi par le Parlement, y est entrée en vigueur mercredi pour 30 jours dans dix régions frontalières et côtières de ce pays.
Loi martiale instaurée en Ukraine
Face aux inquiétudes, les autorités ukrainiennes ont assuré que cette loi martiale – qui permet de mobiliser les citoyens, réguler les médias et limiter les rassemblements publics – avait un caractère "préventif".
Vladimir Poutine a, lui, défendu ses forces et insisté sur le fait que, selon lui, les garde-côtes russes avaient simplement "rempli leur devoir avec précision". "Que s'est-il passé ? Ils (les Ukrainiens) n'ont pas répondu aux demandes de nos garde-frontières. Et sont entrés dans nos eaux territoriales", a assuré le président russe, qualifiant l'accrochage de "provocation" organisée par Petro Porochenko, mal en point dans les sondages à quelques mois de l'élection présidentielle en Ukraine.
Mercredi, les neuf derniers marins capturés par la Russie qui devaient comparaître devant un tribunal ont été placés en détention provisoire jusqu'au 25 janvier, comme leurs 15 camarades l'avaient été la veille. Une détention "illégale" et un acte de "barbarie", a réagi Kiev.
Une note de protestation contre "la poursuite par la Russie de ses actions illégales" a d'ailleurs été envoyée au ministère russe des Affaires étrangères, a annoncé la diplomatie ukrainienne qui considère ces hommes comme des "prisonniers de guerre" et réclame leur libération "immédiate".
Face à cette escalade des tensions entre la Russie et l'Ukraine, l'Union européenne s'est déclarée mercredi "extrêmement préoccupée" mais n'envisage pas de nouvelles mesures pour sanctionner l'opération militaire russe contre les navires ukrainiens.
"Nous sommes consternés par cet usage de la force par la Russie qui, dans un contexte de militarisation croissante dans la région, est inacceptable", ont déclaré les gouvernements des 28 pays de l'UE dans une déclaration publiée par la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, après trois jours de discussions.
Avec AFP