
La quantité de smartphones, de téléviseurs ou d’imprimantes que l'on achète nuit au bien de la planète. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie alerte, dans un rapport publié mercredi 26 septembre, sur la "face cachée des objets".
L’écran plat géant flambant neuf qui trône dans le salon, le smartphone dernier cri ou encore la console de jeu pour tuer le temps font le bonheur des ménages hyper-connectés… et le malheur de la planète. Dans un rapport publié mercredi 26 septembre, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) met en garde contre le coût environnemental méconnu de la soif consumériste des Français.
“Alors que l’imaginaire collectif considère que le transport ou l’habitat sont les secteurs les plus impactant pour l’environnement, les équipements de la maison peuvent représenter un enjeu aussi important en ce qui concerne les émissions de CO2 nationales et individuelles des Français”, constate cet organisme public dans l’étude, intitulée “La Face cachée des objets”. Ces biens sont responsables d’environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre de la France.
18 hippopotames
L’ensemble des équipements d'un foyer équivaut, en moyenne, aux émissions de CO2 générées par six allers-retours Paris-New York en avion. Ce n’est pas seulement la consommation d’énergie que l’Ademe remet en cause. Pour cet organisme, la planète plie surtout sous le poids de l’exploitation des ressources naturelles nécessaires pour fabriquer tous ces objets.
Pour équiper l’appartement ou la maison type d’un Français, il faut l’équivalent du poids de 18 hippopotames en matières premières, notent les auteurs du rapport. Comparaison cocasse mis à part, ils soulignent qu’un lave-linge de 80 kg a nécessité 2,1 tonnes de ressources non-renouvelables pour arriver dans un appartement français. Cette exploitation des sous-sols – que ce soit le pétrole pour le plastique, les terres rares pour les smartphones ou encore l’indium pour les écrans LCD – nécessite une intense activité minière génératrice d’émissions de CO2. En étudiant 45 catégories de biens d’équipement, l’Ademe a déterminé que l’imprimante est l’objet qui consomme le plus de ressources naturelles. Entre les composants électroniques, le papier ou encore l’encre, elle devance l’ordinateur portable, le modem Internet et le décodeur.
L’assemblage dans les usines chinoises d’un smartphone ou encore d'un four à micro-ondes a aussi un impact sur l'environnement. Les usines y tournent encore majoritairement grâce à de l’électricité produite par de très polluantes usines à charbon. Enfin, le transport en avion, bateau puis par camion de ces produits produisent encore davantage d’émissions de gaz à effet de serre. Toute cette chaîne est un boulet pour l’environnement.
99 équipements électroniques en moyenne
L’importance de la pollution générée au début du cycle de vie de chacun de ces produits permet aussi à l’Ademe d’affirmer que le recyclage n’a “qu’un faible impact” positif. Pour un écran LCD, par exemple, “l’essentiel des impacts sur l’environnement proviennent de la fabrication”, ce que le recyclage ne permet pas de rattraper, soulignent les auteurs du rapport.
Pour l’Ademe, le changement doit d’abord passer par les consommateurs. Quand il s’agit de s’équiper, ils ne sont, en effet, pas conscients de tout ce qu’ils achètent. Un sondage réalisé par l’institut Ipsos en 2016 a conclu qu’un Français pense posséder environ 34 équipements électriques ou électroniques, alors qu’ils en ont "en réalité 99 en moyenne". L’organisme appelle donc à être plus vigilant à la dépense.
Notamment en évitant le piège du renouvellement à outrance des équipements. L’Ademe dénonce les offres promotionnelles, les nouveaux modèles qui sortent à intervalle régulier et mise sur la pulsion d'achat. "88 % des Français changent leur téléphone portable alors qu’il fonctionne encore", regrette l'organisme.