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Législatives en Suède : pas de majorité claire, poussée de l'extrême droite

Lors des législatives en Suède dimanche, l'alliance de centre gauche devance avec 40,6 %, selon des résultats partiels, tout juste le centre droit, crédité de 40,3 %. L'extrême droite se trouve en embuscade avec un score historique de 17,6 %.

La coalition de centre gauche a devancé de peu l'alliance de droite aux élections législatives organisées dimanche 9 septembre en Suède. Le scrutin a été marqué par une nouvelle progression de la formation d'extrême droite, les Démocrates de Suède (SD), d'après des résultats partiels annoncés par la commission électorale.

Avec la quasi-totalité des bulletins dépouillés, le bloc de gauche a recueilli 40,6  % des voix, contre 40,3   % pour l'alliance de droite et 17,6   % pour les Démocrates de Suède. Cela donne à la coalition de gauche, qui réunit le Parti social-démocrate au pouvoir, les Verts et le Parti de gauche, 144 sièges sur les 349 que compte le Parlement. L'alliance de droite en obtient 142. Les Démocrates de Suède réalisent le gain le plus important parmi les partis, avec 63 sièges, contre 49 auparavant.

Le Premier ministre social-démocrate, Stefan Löfven, a appelé dans la nuit l'opposition au dialogue   : "Une chose est sûre, personne n'a obtenu de majorité. Il est donc naturel de lancer une collaboration entre les blocs". Il a exclu de démissionner. Cette élection a signé "l'enterrement de la politique de blocs", a ajouté le chef de gouvernement, rappelant les partis de centre-droit à leur "responsabilité morale".

Peu probable que l'extrême droite entre au gouvernement

Le chef de file des Démocrates de Suède, Jimmie Å kesson, qui ambitionnait de faire de son parti le premier du pays, s'est lui posé en vainqueur du scrutin et s'est dit disposé à discuter avec tous les autres partis, tout particulièrement avec le centre droit. "Nous allons disposer d'une grande influence sur ce qui va se passer en Suède dans les semaines, les mois et les années à venir", a-t-il dit lors d'un rassemblement de ses partisans.

Il est toutefois peu probable que les Démocrates de Suède fassent leur entrée au gouvernement, les alliances de droite et de gauche ayant exclu cette hypothèse lors de la campagne électorale.

La cruciale question migratoire

La poussée des Démocrates de Suède avaient été annoncée par de nombreuses analystes. Même si les résultats confirment qu'ils n’ont aucune chance d'intégrer un cabinet grâce au "cordon sanitaire" des partis traditionnels, ils obtiennent malgré tout un score en augmentation.

Durant la campagne électorale, ils ont largement dragué les électeurs des autres partis. Salariés modestes, retraités et primo-électeurs, ils reprochent au Premier ministre social-démocrate sortant Stefan Löfven d'avoir hypothéqué leur bien-être en ouvrant les frontières aux demandeurs d'asile perçus "comme une menace économique et culturelle", analyse le sociologue Jens Rydgren.

Pays de 10   millions d'habitants, la Suède en a accueilli 400   000   depuis 2012, d'abord sous le gouvernement de centre-droit de Fredrik Reinfeldt, puis celui de centre-gauche de Stefan Löfven. Loin des agglomérations, foyers de croissance et d'innovation, de plus en plus d'électeurs sont aussi séduits par le discours nationaliste des Démocrates de Suède, qui souhaitent une sortie du pays de l'Union européenne, un "Svexit".

Du côté des sociaux démocrates, le bilan de Stefan Löfven est contrasté. Si le chômage est à son plus bas niveau depuis dix ans, la croissance robuste, l'inflation contenue et les finances publiques dans le vert, à l'inverse le système de santé se grippe, les inégalités sociales se creusent et la ségrégation croît dans les banlieues où les règlements de compte entre bandes ont fait 40 morts en 2017.

Le poste de Premier ministre devrait pourtant se disputer entre Stefan Löfven et le dirigeant conservateur Ulf Kristersson.

Législatives en Suède : pas de majorité claire, poussée de l'extrême droite

La France réagit

En France, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se sont chacun, pour des raisons opposées, félicités du résultat. "Victoire contre l'extrême droite en #Suède. Et notre allié suédois dans la coalition européenne #MaintenantLePeuple [le Parti de gauche, NDLR] progresse et atteint 10   %   !", a salué en début de soirée le chef de file de La France insoumise sur Twitter.

Pour sa part, la présidente du Rassemblement national s'est réjouie sur le réseau social d'"une mauvaise soirée pour l'Union européenne". "La révolution démocratique en Europe est en cours   !", a-t-elle ajouté.

De son côté, Christophe Castaner, délégué général d'En Marche, a estimé que le score de l'extrême droite tirait "la sonnette d'alarme face à la vague nationaliste".

Avec AFP et Reuters