
La Corée du Sud se veut prudente après que la Corée du Nord a accepté un allègement des contrôles à la frontière entre les deux pays. Pour Séoul, des négociations doivent encore avoir lieu avant la reprises des voyages vers Pyongyang.
Pyongyang a accepté de lever certaines restrictions de passage entre les deux Corées. Ainsi, les touristes sud-coréens et les membres des familles séparées par la frontière seront de nouveau autorisés à se rendre dans le pays voisin. Séoul a toutefois accueilli la nouvelle avec prudence et demande la poursuite des négociations sur le sujet.
Ce geste intervient au lendemain de la rencontre entre le leader du régime nord-coréen, Kim Jong-il, et Hyun Jung-Eun, présidente du conglomérat sud-coréen Hyundai.
Hyun, à la tête d’une entreprise présente dans les deux Corées, s’était déjà rendue au Nord la semaine passée pour obtenir la libération d’un employé détenu depuis mars pour avoir critiqué Pyongyang.
Le dernier accord négocié prévoit que les employés de l’usine de Kaesong, du côté nord de la frontière, pourront franchir normalement la zone militarisée qui délimite les deux Corées. Les conditions de passage seront également assouplies pour permettre l’accès au site touristique des monts Kumgang.
"La mesure spéciale prise par Kim Jong-il, président de la commission de défense nationale, garantit la mise en place des infrastructures nécessaires et la sécurité pour les touristes à la frontière", rapporte l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
Correspondant pour FRANCE 24 à Séoul, Sébastien Falletti souligne la portée de cette décision : "C’est une mesure à la fois concrète et symbolique. Les Coréens sont très attachés aux monts Kumgang, et la ville de Kaesong est l’ancienne capitale du pays."
Séoul avait suspendu les excursions touristiques dans la région du Kumgang après la mort d’un touriste sud-coréen qui avait été abattu par des soldats du Nord en décembre 2008.
Un geste d’ouverture
Les relations entre les deux Corées, qui n’ont toujours pas signé la paix après le conflit de 1950-1953, se sont tendues ces derniers mois avec l’arrivée au pouvoir du président conservateur sud-coréen Lee Myung-Bak. Ce dernier a en effet conditionné son aide à Pyongyang à l’abandon du programme nucléaire nord-coréen.
Le régime de Kim Jong-il est également en froid avec la communauté internationale et les Etats-Unis qui, au lendemain des tests de missiles nucléaires réalisés en mai dernier, ont durci les sanctions vis-à-vis de la Corée du Nord.
Pour nombres d’observateurs, la décision de Pyongyang serait avant tout motivée par des considérations financières. La Corée du Nord ne peut en effet se passer de l’aide sud-coréenne, au risque de voir disparaître une grande partie de ses revenus.
Parallèlement à cette annonce sur l’ouverture de la frontière, Pyongyang a mis en garde contre une réponse militaire "sans merci" si Séoul et Washington effectuent, comme ils le prévoient, des exercices militaires entre les 17 et 27 août.
Mais Sébastien Falletti, à l’instar d’autres experts, rappelle que ces exercices "ont lieu tous les ans, et entraînent à chaque fois le même avertissement nord-coréen."
Après une période de relations Nord-Sud particulièrement tumultueuses, le geste d’ouverture de Pyongyang n’en reste pas moins porteuse d’espoirs. D’autant plus que cette annonce intervient après la visite de l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton qui a œuvré à la libération des deux journalistes américaines, détenues pour "espionnage".