Vingt-cinq personnes vont à nouveau être jugées collectivement, ce dimanche, pour avoir manifesté contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, sur fond d'accusation de tortures et de mauvais traitement contre des détenus.
AFP - L'Iran a annoncé samedi la comparution dimanche de 25 manifestants arrêtés après la présidentielle et nommé un nouveau chef du pouvoir judiciaire, sur fond d'accusations de mauvais traitements contre les opposants détenus.
"La troisième session concernant les personnes ayant participé aux récentes émeutes à Téhéran se tiendra dimanche ... dans la quinzième chambre du Tribunal révolutionnaire", selon un communiqué du tribunal cité par l'agence de presse Isna, qui précise que 25 personnes comparaîtront dimanche.
Au total, 110 personnes ayant pris part à la contestation de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin ont déjà comparu depuis le 1er août dans la capitale iranienne.
Parmi eux figurent des politiciens réformateurs et des journalistes ainsi que la jeune universitaire française Clotilde Reiss, et deux employés locaux des ambassades de France et de Grande-Bretagne.
Aucun verdict n'a été rendu dans ces procès, qui ont été critiqués par les capitales occidentales. Certains de leurs participants ont été accusés par le Tribunal révolutionnaire d'avoir orchestré les émeutes post-électorales, les plus graves de l'histoire de la République islamique.
Ces procès ont également entraîné de vives critiques des responsables de l'opposition.
Au moins 4.000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations et 300 sont toujours derrière les barreaux, selon des sources officielles, qui ont fait état de 30 morts dans les manifestations. L'opposition a de son côté dressé une liste de 69 personnes tuées.
Candidat battu à la présidence, le réformateur Mehdi Karoubi a de nouveau dénoncé samedi des mauvais traitements à l'encontre de ces détenus.
"Certains jeunes qui scandaient des slogans ont été battus de telle manière qu'ils ont perdu la vie", a dit l'ex-président du Parlement, cité par son journal Etemad Melli.
Il a également affirmé que plusieurs contestataires avaient été torturés dans le centre de détention de Kahrizak, au sud de Téhéran, avant sa fermeture sur ordre du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.
"Malheureusement certaines des personnes ayant pris part à la contestation ont été torturées", a dit M. Karoubi sur le site internet de son parti, Etemad Melli.
"J'ai appris que (les forces de sécurité) ont forcé les gens à Kahrizak à ramper nus comme des animaux avec un garde sur le dos."
C'est "honteux" pour la République islamique de se livrer à de telles méthodes, comme de "forcer à se mettre nus des détenus qui ensuite étaient juchés les uns sur les autres" dans les cellules de la prison, a-t-il dit.
Dans une lettre rendue publique mardi, M. Karoubi avait fait état d'hommes et de femmes "sauvagement violés" en détention.
Conspué par certains conservateurs, l'ex-candidat a invité samedi ses détracteurs à venir dans la journée devant les bureaux de son journal pour discuter. Il a également appelé ses partisans à se rassembler lundi au même endroit, selon son site internet.
Des responsables iraniens ont reconnu que des prisonniers étaient morts en détention, mais affirmé que ces décès étaient dus à un virus.
Dans ce contexte, M. Khamenei a nommé Sadegh Ardeshir Larijani à la tête du pouvoir judiciaire, en remplacement de l'ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi
M. Larijani est le frère du président du Parlement Ali Larijani.
Plusieurs sites internet de l'opposition ont rapporté qu'un groupe d'anciens parlementaires dont le nombre n'est pas précisé, ont écrit à la puissante Assemblée des experts, qui supervise les activités du guide suprême, l'exhortant à enquêter pour voir si M. Khamenei était apte à diriger le pays. Il s'agit de la première attaque directe contre le guide suprême.
De son côté, le Grand ayatollah Nasser Makarem Shirazi a lancé à la classe politique un appel à la réconciliation à l'approche du ramadan, exhortant les Iraniens à se concentrer sur "les problèmes économiques et culturels" du pays.