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La star mexicaine de football Cuauhtémoc Blanco est devenue gouverneur de Morelos

La victoire de la coalition d'Andres Manuel Lopez Obrador lors des élections mexicaines a apporté son lot de visages atypiques dans le paysage politique du pays. Exemple à Morelos, où l'ancien footballeur Cuauhtémoc Blanco s'est imposé.

"Il est l'heure de courir !" Pour son discours de victoire à l'élection au poste de gouverneur de l'État de Morelos (centre du Mexique), Cuauhtémoc Blanco n'a pas fait dans la demi-mesure. Le candidat de la coalition du nouveau président Andres Manuel Lopez Obrador a promis à son prédécesseur Graco Ramirez qu'il allait le traîner en justice, s'il en avait la possibilité.

Dans cet État voisin de la capitale, Cuauhtémoc Blanco aurait récolté entre 47,7 % et 55,7 % des suffrages. "Cuau" fait partie de ses nouveaux visages que la coalition "Juntos Haremos historia !" ("Ensemble nous ferons l'histoire !") a fait émerger. C'est le cas par exemple de Claudia Sheinbaum, devenue dimanche la première femme élue gouverneure de Mexico.

Une star del Tri

Aujourd'hui âgé de 45 ans, Cuauhtémoc Blanco est né en janvier 1973 dans la ville de Mexico. Le jeune attaquant est très vite repéré par un recruteur du Club America, l'équipe de la capitale, l'une des plus titrées et des plus populaires du pays. Il fait sa première apparition chez les pros en 1992. C'est le début d'une longue carrière qui va l'emmener dans plusieurs clubs mexicains comme le Veracruz, Iraputao ou les Dorados du Sinaloa ainsi qu'en Espagne à Vallalolid et aux États-Unis au Chicago Fire.

Ses performances lui valent rapidement d'être sélectionné dans l'équipe nationale mexicaine. Avec El Tri, il participe à trois Coupes du monde en 1998, 2006 et 2010. Lors de sa dernière, il est même l'auteur d'un penalty contre la France. Au total, il a porté le maillot des Verts 120 fois et inscrit 39 buts.

"Cuau" possède une personnalité hors-norme, à l'image de son dribble préféré, le coup du crapaud, qui consiste à passer ses adversaires en sautant avec le ballon coincé entre les jambes, ou encore de cette fois où il a célébré un but en mimant le chien qui urine pour marquer son territoire.

Cuauhtémoc Blanco demeure le seul mexicain à avoir gagné un prix dans une compétition de la FIFA d'envergure internationale : le Ballon d'argent (deuxième meilleur joueur) et le Soulier d'or (meilleur buteur) pendant la Coupe des confédérations de 1999.

Un parachuté à Morelos ?

Lorsqu'il prend sa retraite sportive en 2015, il se lance immédiatement en politique et rejoint le Partido Social Demócrata (PSD, gauche), qui le présente comme candidat à la mairie de Cuernavaca, capitale de l'État de Morelos. Sa popularité lui permet de remporter l'élection.

Son mandat est marqué par un conflit latent avec le gouverneur de l'État, Graco Ramírez, et le Congrès de l'État, tous deux aux mains du Parti de la Révolution démocratique (PRD, gauche). On l'accuse d'avoir été payé pour être le candidat du PSD. L'ancien footballeur décide alors d'utiliser ce conflit comme justificatif à la moindre critique concernant son bilan contrasté.

Il finit par claquer la porte du PSD pour rejoindre Encuentro social, parti évangéliste de centre-droit qui a rejoint la coalition du président élu Andres Manuel Lopez Obrador, dit Amlo. En janvier 2018, il est choisi pour porter les couleurs de la coalition lors de l'élection pour la présidence de l'État de Morelos.

La campagne n'est pas exempte de polémiques, ses adversaires raillant son manque d'expérience, estimant qu'un footballeur n'a pas les compétences pour gouverner un État, d'autres affirmant que Cuauhtémoc Blanco ne vivrait même pas à Morelos. Toujours est-il que la commission électorale valide son justificatif de domicile.

"Nous étions l'équipe la plus forte"

Durant la campagne électorale, Cuauhtémoc Blanco reprend la rhétorique anti-élite d'Amlo et la dirige vers la classe politique de Morelos. Il dénonce la corruption et s'engage à poursuivre les personnes en place. Il n'hésite pas non plus à céder au populisme bon marché en convoquant le bon souvenir de ses années de footballeur, comme lorsqu'il apparaît en meeting vêtu du maillot d'El Tri.

No voy a negociar con sinvergüenzas todo el mal que le hicieron a Morelos, vamos a traer justicia. Estoy muy agradecido con la gente que confía en mí, que se rompen el alma trabajando por un Morelos mejor, juntos vamos a construir el estado que todos queremos, no les voy a fallar pic.twitter.com/3QdDczNqAn

  Cuauhtémoc Blanco (@cuauhtemocb10) 27 juin 2018

Dans son message de remerciement après son élection comme gouverneur, "Cuau" a filé la métaphore footballistique : "Aujourd'hui, j'ai la meilleure équipe : vous ! Et je suis sûr qu'ensemble, nous allons y arriver. Le changement est de notre côté du terrain. Et en équipe, nous y arriverons !", a-t-il posté sur Twitter.

Selon le journal Proceso, la transition avec l'ancien gouvernement ne s'annonce pas sans heurts. Cuauhtémoc Blanco dit avoir prévenu Graco Ramirez qu'il comptait effectuer un audit en profondeur de toutes les actions de son prédécesseur et le poursuivre en justice si nécessaire. "Justice sera rendue au peuple", a-t-il promis.

Cuauhtémoc Blanco como ciudadano, ganó las elecciones de la mano de todos los que queremos un cambio para Morelos. No les voy a fallar. Hoy somos el equipo más fuerte y juntos no hay meta que no podamos conquistar. ¡Juntos hicimos historia! pic.twitter.com/1150HMPPqw

  Cuauhtémoc Blanco (@cuauhtemocb10) 2 juillet 2018

De son côté, Graco Ramirez a déclaré que cet appel n'avait jamais eu lieu et que les conseillers d'Amlo l'avait contacté au nom "du dialogue et de la réconciliation". Il a appelé le nouvel élu à ne pas gouverner par "revanche". Pas sûr que cela empêche l'ancien numéro 10 de continuer à le marquer à la culotte.