Après deux jours de protestation contre la dépréciation du rial, le Grand Bazar de Téhéran a rouvert mercredi. Le Guide suprême a appelé à rétablir une "atmosphère de sécurité" et les forces de l'ordre ont été déployées dans la capitale.
Après plusieurs jours de silence, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a réagi au mouvement de grève des commerçants du Grand Bazar de Téhéran. Mercredi 27 juin, il a exhorté les autorités judiciaires de prendre des mesures pour assurer "une atmosphère de sécurité", et de "poursuivre ceux qui perturbent la sécurité économique". Des forces de sécurité et police anti-émeutes étaient déployées en plusieurs points de la capitale aux alentours du Bazar, a rapporté Golnar Motevalli, la correspondante de Bloomberg sur Twitter.
There are security forces in anti-riot gear and armoured police vans deployed in several areas. Similar to yesterday. Yesterday they were concentrated around the bazaar itself, today didn’t see any there. Today I’ve seen them in main streets within 1km radius of bazaar
Golnar Motevalli (@golnarM) 27 juin 2018Les contestataires ont manifesté une nouvelle fois, mardi, contre la vie chère, imputable notamment à la dévaluation du rial. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des manifestants incendiant des ordures et bloquant certaines artères de la capitale pour empêcher les forces de l'ordre d'intervenir. D’après Golnar Motevalli, le Bazar est resté ouvert mardi mais "des protestations ont eu lieu à quelques pâtés de maison".
I’ve been back at the bazaar today and spent a lot longer walking around. The bazaar itself, much like yesterday, appears to be functioning. It’s busy and lots of shops are open. The gold/jewellery market was still mainly closed but a few more open than yesterday.
Golnar Motevalli (@golnarM) 27 juin 2018La veille, des commerçants s'étaient réunis devant le Majlis, le parlement iranien, pour réclamer des mesures de soutien au rial dont l'effondrement augmente le coût des importations. Des affrontements se sont produits, conduisant la police à patrouiller dans le Bazar. Sur les réseaux sociaux (Telegram, Instagram), des vidéos montrent des policiers antiémeutes brisant les vitrines de magasins fermés ou tapant sur des motos en stationnement. La police a accusé ces derniers jours les manifestants d'infliger des dommages aux biens publics. Certains d'entre eux ont été arrêtés aux abords du Bazar et ne seront pas libérés tant qu'ils n'auront pas été jugés, a déclaré pour sa part le procureur de Téhéran, Abbas Jafari-Dolatabadi.
عرض کردم که فکر میکنن با سرکوب میتونن مشکل را حل کنن،حتی اعتراض #بازار و بازاریان را تحمل نمیکنن.شلیک گاز اشکآور به سوی معترضان در نزدیکی ساختمان مجلس.خودشون بهش میگن خانهملت بعد اینجوری از ملت توی خونهشون پذیرایی میکنن! pic.twitter.com/3ApmZknuD5
Shahram Rafizadeh (@ShahramRafizade) 25 juin 2018Des photos montrent d'autre part que le mouvement s'est propagé à des villes de province comme à Arak, Kermanshah, ou à Mashad.
Une publication partagée par مملکته (@mamlekateofficial) le 26 Juin 2018 à 5 :08 PDT
Rohani accuse les médias étrangers de "propagande"
"L'ennemi cherche actuellement à nuire à notre économie par des opérations psychologiques. Ces derniers jours, certains ont tenté de fermer le Bazar, mais leur complot a été déjoué par la police", a déclaré l'ayatollah Sadeq Larijani, cité par l'agence Fars.
De son côté, le président iranien Hassan Rohani a défendu son bilan économique, assurant que les recettes gouvernementales n'ont pas été pénalisées ces derniers mois et a mis la chute de la valeur du rial sur le compte de la "propagande des médias étrangers".
"Et même dans le pire des scénarios, je promets que les besoins élémentaires des Iraniens seront pourvus. Nous avons assez de sucre, de blé et d'huile de cuisson. Nous avons assez de devises étrangères pour en injecter dans le marché", a-t-il déclaré dans un discours retransmis en direct par la télévision publique.
La décision de Donald Trump de rétablir des sanctions contre l'Iran après le retrait des États-Unis de l'accord international de 2015 sur le nucléaire risque de freiner les exportations de la République islamique, cinquième producteur mondial de pétrole brut, et de réduire le flux de devises étrangères. Cette perspective incite de nombreux Iraniens à délaisser le rial pour épargner en dollars, ce qui pèse sur la valeur de la monnaie iranienne.
Avec Reuters et AP