
Le bilan de la répression des manifestations antigouvernementales au Nicaragua s'élève à au moins 212 morts, a annoncé vendredi la Commission interaméricaine des droits de l'Homme, qui pointe la responsabilité du président Ortega.
Des manifestants nicaraguayens, libérés de prison grâce à une médiation de l'Église catholique, ont dénoncé, vendredi 23 juin la violence du gouvernement de Daniel Ortega.
À Washington, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) a elle aussi dressé un bilan sévère dans son rapport présenté au Conseil permanent de l'Organisation des États américains (OEA) à Washington. "L'action répressive de l'État a fait au moins 212 morts au 19 juin et 1 337 blessés", a-t-elle indiqué, affirmant que plus de 500 personnes étaient détenues au 6 juin.
Le document de la CIDH, fondé sur des témoignages d'habitants recueillis sur place, est crucial avant la reprise, programmée pour la semaine prochaine, du dialogue entre gouvernement et opposition.
"Une violence étatique"
La CIDH a dénoncé une "violence étatique", qui vise "à dissuader la participation aux manifestations et à étouffer cette expression d'opposition politique". Présent à la session, le ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, Denis Moncada, a rejeté "entièrement le rapport", le qualifiant de "subjectif, biaisé, plein de préjugés et notoirement partial".
De son côté, Silvio Baez, archevêque auxiliaire de Managua a remercié "la CIDH pour avoir montré la vérité du génocide perpétré contre le peuple du Nicaragua par le gouvernement !".
"Nous, nous connaissons la situation, mais ce rapport servira pour éclairer" les discussions entre les autorités et l'Alliance civique pour la justice et la démocratie, a indiqué le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua. L'Alliance civique a salué le rapport comme "un pas sur le chemin de la justice".
Daniel Ortega reste muet
Après plusieurs jours d'offensive de la police et de groupes paramilitaires, peu d'habitants se risquaient dans les rues vendredi, parcourues par les policiers anti-émeutes, encagoulés et fortement armés. Des milices progouvernementales continuaient également de surveiller les accès à de nombreuses villes de ce pays pauvre d'Amérique centrale, notamment à Leon, où les pelleteuses des forces de l'ordre et des milices démolissaient les barricades érigées par les habitants.
L'Église appelle le président Ortega – un ex-guérillero de 72 ans au pouvoir depuis 2007, après l'avoir déjà été de 1979 à 1990 – à organiser des élections générales anticipées en mars 2019, au lieu de fin 2021. Ce dernier reste muet sur ce point, mais il est soumis à une pression internationale croissante : son gouvernement "doit mettre un terme immédiatement à sa campagne de violence et d'intimidation contre son propre peuple", a affirmé jeudi l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.
Avec AFP