Les Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, a annoncé mardi son retrait de Manbij, une ville stratégique du nord du pays qui a fait l'objet d'un accord entre la Turquie frontalière et les États-Unis.
Les Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, considérée comme terroriste par Ankara mais allié crucial de Washington dans la lutte contre l’organisation État islamique (EI), ont annoncé mardi dans un communiqué qu'elles allaient retirer leurs conseillers militaires de Manbij, dans le nord de la Syrie. Et ce, au lendemain de l'accord conclu entre les États-Unis et la Turquie sur la sécurité de la région, même si celui-ci n'a pas été explicitment évoqué .
Dans leur communiqué, les YPG expliquent que leurs forces se sont retirées de Manbij en novembre 2016, peu après la défaite de l'EI dans ce secteur, mais que des conseillers militaires étaient restés sur place pour travailler avec le Conseil militaire local. Ces conseillers vont désormais se retirer. Ankara avait menacé à plusieurs reprises de chasser les YPG par la force, ce qui risquait de donner lieu à une confrontation avec les forces américaines présentes à leurs côtés.
Les membres des YPG constituent l'armature des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde en lutte contre le régime du président Bachar al-Assad et soutenue par l’administration américaine, au grand dam d’Ankara.
Le Conseil militaire de Manbij refuse toute présence turque
De son côté, le Conseil militaire de Manbij, milice alliée aux FDS, a indiqué mercredi qu’il s'opposera à toute présence militaire turque dans la ville. "Nous ne l'accepterons pas", a averti un porte-parole, cité par l’agence Reuters. Dans un précédent communiqué, le Conseil disait ignorer les détails de l'accord américano-turc annoncé lundi, mais le jugeait à même de garantir la sécurité de la ville et de la protéger des menaces extérieures.
La Turquie et les États-Unis ont annoncé lundi dans une déclaration commune avoir approuvé une feuille de route sur la région de Manbij, à l'issue d'une rencontre à Washington entre le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et son homologue Mevlüt Cavusoglu. "L'objectif de la feuille de route est d'éradiquer les YPG/PKK de Manbij, puis nous travaillerons pour établir un cadre sécuritaire, et nous déciderons ensemble de qui gèrera la ville", a affirmé Mevlüt Cavusoglu.
Il s'agit d'un "cadre politique large" dont les "détails doivent encore être négociés" et dont la mise en œuvre "se fera étape par étape, en fonction des développements sur le terrain", a souligné devant la presse, mardi, un haut responsable du département d'État américain.
En visite dans la province turque d'Antalya, Mevlüt Cavusoglu a précisé, mardi, que les travaux préparatoires sur la mise en œuvre de la feuille de route commenceraient dans dix jours, avec pour objectif de faire entrer l'accord dans les faits avant six mois. Il a ajouté que ce modèle pourrait être également suivi dans les secteurs de Raqqa, Kobané et d'autres zones de Syrie actuellement sous le contrôle des YPG.
Avec AFP et Reuters