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Catalogne : Quim Torra échoue à être élu président au premier tour

Le candidat à la présidence de la Catalogne, Quim Torra, n'est pas parvenu à se faire élire dès le premier tour par le Parlement catalan samedi. Le deuxième tour aura lieu lundi.

Malgré un discours offensif sur la question de l'indépendance de la Catalogne, Quim Torra n'aura pas convaincu les quatre députés de la faction la plus radicale de l'indépendantisme, la CUP. Leur abstention samedi 12 mai, lors du premier tour de l'élection du président de la région Catalogne, a privé Quim Torra d'une majorité absolue nécessaire pour l'emporter dès le premier tour.

L'éditeur indépendantiste de 55 ans a recueilli 66 voix, contre 65 et quatre abstentions. Avec le même résultat, il serait élu au second tour prévu pour lundi où seule la majorité simple est requise.

Son élection permettrait enfin de former un gouvernement en Catalogne et à cette région de retrouver son autonomie, suspendue quand Madrid l'a mise sous tutelle pour avoir proclamé unilatéralement l'indépendance le 27 octobre 2017.

Un successeur désigné par Carles Puigdemont

Le gouvernement central avait destitué l'exécutif catalan et convoqué de nouvelles élections en décembre à l'issue desquelles les séparatistes ont conservé la majorité absolue, à quelques sièges près.

Mais empêché par la justice de diriger de nouveau la Catalogne depuis son exil, Carles Puigdemont s'est résigné à passer le témoin, sans toutefois renoncer à son influence politique, ni à son défi au gouvernement central. D'où le choix de Quim Torra, un novice en politique, sans autre allégeance qu'à Carles Puigdemont qu'il considère comme le "président légitime".

"Je veux qu'il soit bien clair que notre président est Carles Puigdemont, nous serons loyaux au mandat du 1er octobre (en vue) de bâtir un État indépendant", a-t-il déclaré au cours du débat d'investiture au parlement catalan.

Quim Torra, candidat à la présidence catalane, reprend fidèlement les éléments de langage de Puigdemont. “C’est le Puigdemont qui devrait prononcer ce discours aujourd’hui. Nous persisterons, nous insisterons et nous l’investirons”. Il s’inscrit dans une “période provisoire”. pic.twitter.com/NzA9jvLqYY

  Mathieu de Taillac (@mdetaillac) 12 mai 2018

Le 1er octobre 2017, quelque deux millions de Catalans (sur un total de 5,5 millions d'électeurs) ont voté pour l'indépendance dans un référendum d'autodétermination interdit par Madrid.

Carles Puigdemont tentera d'être investi dès que sa situation judiciaire le lui permettra, a souligné Quim Torra. L'ex-président, poursuivi pour rébellion, est en liberté provisoire en Allemagne, où un tribunal doit se prononcer sur la demande d'extradition de l'Espagne.

Quim Torra, très offensif, a promis de rétablir des lois catalanes annulées par la Cour constitutionnelle et de donner le coup d'envoi à la rédaction de la Constitution de la future république catalane. Il entend poursuivre la stratégie "d'internationalisation de son prédécesseur", déplorant en anglais "le silence inacceptable" de l'Union européenne sur la crise catalane.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a vivement réagi à son discours d'investiture. "Ce que nous avons vu et entendu ne nous a pas plu (…) Mais nous le jugerons sur ses actes", a-t-il déclaré. Il avait déjà averti que l'article 155 de la Constitution, utilisé pour mettre la Catalogne sous tutelle, "pourrait resservir au besoin" si le prochain exécutif catalan ne respectait pas la loi.

Un deuxième tour incertain

Inès Arrimadas, la dirigeante du parti de centre droit Ciudadanos, qui a obtenu le plus de voix aux élections régionales de décembre, a accusé Quim Torra de jeter "de l'huile sur le feu".

"Vous avez complètement accepté la subordination à celui qui croit être le président légitime", lui a reproché le chef du parti socialiste catalan, Miquel Iceta.

L'élection de Quim Torra lundi n'est pas assurée. La CUP réunit dimanche ses militants, notoirement rebelles aux consignes de la direction, pour décider si elle s'abstient ou vote contre lui. Elle pourrait être tentée de bloquer l'investiture et de provoquer de nouvelles élections, car un sondage publié vendredi lui prédit 11 sièges de députés en cas de retour aux urnes.

Avec AFP