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Vidéo : San Francisco, une ville en sursis en attendant le "Big One"

Tous les Californiens le savent : un jour ou l'autre, il arrivera. Le "Big One", ce séisme majeur et catastrophique. Selon les experts, il devrait se produire dans les trois prochaines décennies. Déjà, il y a près de trente ans, un séisme de magnitude 6,9 a secoué la baie de San Francisco pendant 15 secondes, faisant 67 morts et des milliers de blessés. Nos correspondants en Californie sont allés à la rencontre de ceux qui ont vécu ce terrible séisme et qui se préparent à l’imminent "Big One".

Être frappé par le "Big One" : c'est la crainte de tous les habitants de la Californie. Car ils savent qu'un jour ou l'autre, ce séisme monstre arrivera. Selon les experts, la probabilité pour qu'il se produise dans les trois prochaines décennies est de 90 %.

Il y a presque 30 ans déjà, les Californiens ont bien cru que l'heure était arrivée. Le 19 octobre 1989, à 17h04 heure locale, un séisme de magnitude 6,9 frappe San Francisco, la deuxième ville la plus densément peuplée du pays. En quinze secondes, il fait 67 victimes, plus de 3 000 blessés et 20 milliards de dollars de dommages. Une des catastrophes naturelles les plus coûteuses de l'histoire des États-Unis.

À l'époque, l'épicentre du séisme se trouvait à quelques kilomètres seulement de l'actuelle Silicon Valley, là où sont aujourd'hui installés les géants du web et de la technologie. Il n’est pas difficile d’imaginer l'impact humain et économique qu'aurait désormais une telle catastrophe...

Alors pour éviter le pire, tout le monde se mobilise. À San Francisco, les pompiers ont renforcé les immeubles de la ville, rénové des citernes d'eau et multiplient les entraînements pour se préparer au pire... Mais la municipalité ne dispose que de 300 pompiers pour plus de deux millions de personnes - habitants et travailleurs - présents chaque jour sur la péninsule. Un programme pour former des civils aux premiers secours a donc été mis en place. La ville dispose désormais d'une armée de 28 000 bénévoles capables de les aider en cas d'urgence. En trois jours, les civils apprennent à éteindre un incendie, fermer les conduites de gaz, trier les victimes et donner les premiers soins. La motivation des citoyens surprend, elle est admirable et touchante.

Course contre la montre

Les scientifiques aussi s'activent. L'Institut américain d'études géologique (USGS) travaille actuellement sur un système d'alerte de la population à la pointe de la technologie. Plus de 350 capteurs ont été installés dans toute la région pour enregistrer les secousses. L'information digitale circulant à la vitesse de la lumière, soit plus rapidement que la secousse qui se produit à la vitesse du son, les habitants pourront être prévenus via SMS près de dix secondes avant un séisme. Le temps de se mettre à l'abri et de sauver des vies.

Mais le système "Shake Alert" n'est pas encore opérationnel. L'obstacle est d'abord technologique : les opérateurs de téléphonie mobile ne sont pas encore en mesure d'envoyer un SMS instantanément à tous les habitants. En témoignent les alertes enlèvements ("Amber Alert"), envoyées avec un délai d'une vingtaine de minutes...

L'autre obstacle est financier. Dans sa proposition de budget 2018, le président américain Donald Trump avait souhaité suspendre toute subvention fédérale au programme. Une manière de faire payer à la Californie sa résistance à l'administration Trump... Mais depuis que nous avons tourné ce reportage, le Congrès américain a voté le budget 2018, dans lequel il alloue plus de 23 millions de dollars à son développement, soit le double de l'année précédente.

Pour les scientifiques, il s'agit désormais d'une course contre la montre : mettre en place le programme "Shake Alert" avant que le "Big One" ne frappe.