Les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont mené des frappes en Syrie en représailles à l'attaque chimique présumée menée par le régime, allié de la Russie. Où sont positionnées les forces militaires des grandes puissances dans la région ?
La Syrie s'est réveillée samedi 14 avril au son des bombes de la coalition internationale. Après quelques jours de tergiversations, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont lancé des frappes ciblées contre le régime de Bachar al-Assad, accusé par Donald Trump d'attaques chimiques "monstrueuses" dans la Ghouta orientale. Le régime syrien et ses alliés russe et iranien ont aussitôt condamné ces raids aériens. La Chine s'est aussi dite samedi "opposée à l'usage de la force" et a réclamé un retour "dans le cadre du droit international".
Les trois pays occidentaux ont des positions militaires dans la région qui leur ont servi pour frapper Damas. La Russie, alliée indéfectible du régime syrien, est aussi très présente militairement. Tour d’horizon des différentes forces présentes en Syrie et dans sa région.
Les États-Unis :
À la suite des frappes de ce samedi, les États-Unis ont indiqué avoir tiré des "types de munitions divers", dont des missiles de croisière Tomahawk, mais sans préciser d'où ils avaient été lancés.
Quand Donald Trump a donné l’ordre, l’an dernier, de frapper le régime syrien après une attaque meurtrière au gaz sarin contre la ville rebelle de Khan Cheikhoun, l’US Navy a lancé 59 Tomahawak depuis les destroyers USS Porter et USS Ross, qui croisaient en Méditerranée. Cette année, ces deux navires sont en mission en Atlantique Nord et n’ont donc pas pu participer à cette opération.
L’USS Donald Cook est en revanche dans la zone. Ce destroyer a quitté lundi dernier le porte chypriote de Larnaca, où il faisait escale. L’USS New York croise en Méditerranée actuellement, mais il est peu probable que ce navire de transport amphibie soit directement impliqué dans ce genre de frappe. Huit sous-marins de l’US Navy sont en outre déployés actuellement dans le monde. Leur emplacement est tenu secret, mais si l’un d’eux se trouve actuellement en Méditerranée, il pourrait être utilisé pour lancer des missiles.
Au sol, les Américains disposent d'une base militaire à al-Tanf, dans le sud-est de la Syrie. Des forces spéciales sont aussi déployées à Manbij, au nord de la Syrie. Au niveau des installations aériennes, les États-Unis sont présents dans la région grâce aux bases aériennes d’Azraq en Jordanie et de Incirlik en Turquie. Mais selon, l’agence Reuters citant Bekir Bozdag, le ministre turc de la justice, cette dernière n’a pas été utilisée samedi pour cette opération. Les États-Unis ont également aménagé une piste d'atterrissage près de Kobané, dans le nord de la Syrie, en zone kurde.
Les forces militaires américaines comptent aussi des bases dans les pays du Golfe, notamment au Koweït, celle d'al-Udeid au Qatar, ainsi qu’aux Émirats arabes unis sur la base d’Al Dhafra.
La France :
La ministre des Armées Florence Parly a indiqué que la France a mobilisé à la fois des frégates multimissions en Méditerranée et des avions de chasse pour les frappes. Ces appareils, cinq Rafale, quatre Mirage 2000, deux Awacs et cinq avions ravitailleurs, ont décollé de plusieurs bases aériennes de l'Hexagone. Actuellement, la frégate Aquitaine croise en Méditerranée orientale dans le cadre de l’opération Chammal au Levant, qui vise à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre l'Organisation État islamique.
La France est aussi présente en Jordanie sur la base aérienne Prince-Hassan où elle compte six Rafale, ainsi que celle d’Al Dhafra aux Émirats arabes unis où elle dispose également de six appareils.
Fin mars, l’agence de presse turque Anadolu avait publié une carte prétendant révéler les positions de l'armée française dans le nord-syrien. Il s’agirait de cinq bases militaires, principalement dans le nord, dans des zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes, bases d’où "70 soldats français" opéreraient actuellement dans le nord-est de la Syrie.
Mais ces informations ne sont pas avérées. Le ministère français de la Défense avait reconnu en juin 2016 la présence de forces spéciales françaises en Syrie "pour conseiller les FDS contre l’EI", notamment à Manbij, mais Paris est toujours demeuré discret sur le nombre ou l’emplacement de ces forces. En juillet 2017, l’agence Anadolu avait déjà publié ce qu’elle présentait comme la carte de l’emplacement de dix bases militaires américaines dans la même zone. Elle prétendait par ailleurs que 75 soldats français y étaient présents, notamment dans une base proche de la ville de Raqqa. Le Pentagone avait alors refusé de commenter ces données.
La Grande-Bretagne :
Londres a utilisé quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force, équipés de missiles Storm Shadow. La Royal Air Force dispose d’une base aérienne importante à Chypre, celle d’Akrotiki d’où ont déjà été menés de nombreux raids contre l’Organisation État islamique en Syrie. Le destroyer HMS Duncan serait également présent actuellement en Méditerranée.
L’armée britannique vient également d’ouvrir début avril une base militaire à Manama, au Bahreïn, ce qui constitue la première implantation permanente de ses forces armées au Moyen-Orient en près d'un demi-siècle.
La Russie :
Alliée de la Syrie, la Russie est bien entendu présente en force dans la région. Elle dispose de deux bases dans l'ouest de la Syrie, celle de Hmeimim où sont stationnés des avions de chasse et ses batteries antiaériennes, et celle de Tartous destinée aux forces navales mais qui dispose aussi de batteries de défense antiaérienne.
Concernant les hommes, le chiffre officiel le plus récent est celui du personnel militaire ayant voté en Syrie lors de la présidentielle du 18 mars : 2 954. La grande majorité est déployée sur la base de Hmeimim. Une partie de ces soldats russes en Syrie sont des "conseillers" militaires, qui aident sur le terrain l'armée syrienne et ont joué un grand rôle dans ses derniers succès. À cela, il faut ajouter la police militaire, constituée en majeure partie de bataillons issus des républiques musulmanes du Caucase russe, déployées dans les localités reprises aux rebelles, comme à Alep, et dans les "zones de désescalade" instaurées dans plusieurs régions.
Avec AFP