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Le Royaume-Uni, ce pays où les opposants russes meurent subitement par empoisonnement

L’empoisonnement de Sergueï Skripal, ancien espion russe, et de sa fille remettent en lumière plusieurs morts suspectes sur lesquelles plane l'ombre de la Russie.

Après l'empoisonnement de l'ancien espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Youlia, tous deux retrouvés inconcients sur le banc d'un centre commercial de la ville de Salsbury en Angleterre, une question brûle aujourd'hui les lèvres des autorités et de l'opinion britannique : le Royaume-Uni serait-il devenu, au cours de ces dernières années, la terre des réglements de comptes par empoisonnement commandités par Moscou ?

Si l'enquête sur l'origine et les circonstances de cet empoisonnement au Novichok, un agent innervant cinq à dix fois plus létal que le sarin, n'en est qu'à ses balbutiements, l'affaire, relayée par les médias du monde entier, a déjà provoqué de sérieux remous outre-Manche.

Des conséquences politiques, d'abord, avec l'expulsion de vingt-trois diplomates russes et la "suspension des accords bilatéraux" avec Moscou annoncée par la cheffe du gouvernement britannique Theresa May. 

Mais l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille ont surtout poussé le ministère de l'Intérieur à exiger la réouverture de quartorze enquêtes judiciaires liées à des morts survenues dans des circonstances suspectes remontant à 2006.

En parallèle de ces réouvertures de cold cases et de l'enquête sur l'empoisonnement de Sergueï Skripal, les forces de police britanniques ont aussi été mandatées pour enquêter sur le décès de son épouse des suites d'un cancer en 2012, sur la mort soudaine de son frère en 2016, et celle de son fils, décédé des suites d'une maladie du foie à Saint-Pétersbourg en 2017. 

Des morts suspectes qui s'accumulent

Au Royaume-Uni, l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille ravivent de biens mauvais souvenirs. Et si cet empoisonnement n'était finalement que la partie émergée d'un iceberg de réglements de comptes et d'assassinats politiques qui rongeraient le pays en silence ?

On pense ici à l'empoisonnement "au parapluie" de l'écrivain et dissident bulgare Georgi Markov en 1978, ou à des affaires plus récentes : la mort d'Alexandre Litvinenko, ancien agent du FSB, empoisonné au polonium en 2006 ; celle d'Alexandre Perepilichny, empoisonné par une plante toxique en 2012 ; ou l'intoxication d'un opposant politique à Poutine, Vladimir Kara-Murza, en 2015. 

Mais peu après l'affaire Skripal, c'est aussi une enquête du site BuzzFeed a refait surface. Publiée en juin 2017, elle revenait sur plusieurs morts suspectes au Royaume-Uni. Des morts pour lesquelles les services secrets américains soupçonnent des liens avec la Russie. On y retrouve notamment des proches et d'associés de Boris Berezovski, ancien oligarque et ennemi de Poutine, retrouvé pendu dans sa salle de bain en 2013.

De son côté, la Russie a réfuté ces accusations, qualifiant les sanctions britanniques de "provocation grossière sans précédent", de "mesures hostiles" et de "campagne antirusse". Moscou n'a pour l'instant pas annoncé de mesures de rétorsion.

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