
Le président vénézuélien Hugo Chavez a vivement critiqué, mercredi, le projet des États-Unis d'envoyer des renforts dans des bases militaires en Colombie, dans le but de lutter plus efficacement contre le trafic de drogue.
REUTERS - Le projet d'envoi de renforts américains dans des bases militaires de Colombie a soulevé mercredi un tollé parmi les dirigeants de gauche d'Amérique du Sud qui accusent Washington de se servir de la lutte contre la drogue comme prétexte pour renforcer sa présence dans la région.
Le président colombien Alvaro Uribe doit rencontrer cette semaine des présidents sud-américains pour rallier leur soutien au plan américain consistant à baser des opérations aériennes de lutte anti-drogue dans son pays, premier producteur mondial de cocaïne, maintenant que Washington n'a plus accès à une base en Equateur voisin.
Le président vénézuélien Hugo Chavez, qui ne ménage pas ses critiques envers Washington, a déclaré que ce plan pourrait constituer un pas vers une guerre en Amérique du Sud et il a demandé au président Barack Obama de ne pas accroître la présence militaire américaine en Colombie.
Lors de précédents différents diplomatiques avec la Colombie, Chavez avait mis ses troupes en état d'alerte, mais il était ensuite revenu sur ces mesures.
Proche allié de Chavez, le président bolivien Evo Morales, ancien producteur de coca et qui a l'an dernier expulsé les agents américains de lutte contre la drogue, a affirmé que les guérilléros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) étaient devenus le "meilleur outil" de Washington pour justifier les opérations militaires dans la région.
L'accord avec la Colombie donnerait aux Américains accès à sept bases colombiennes et porterait le nombre de militaires américains en Colombie à un maximum de 800, contre moins de 300 actuellement.
Différend Colombie-Venezuela
Cette affaire risque de compromettre les efforts déployés par Barack Obama pour améliorer les relations des Etats-Unis avec l'Amérique latine tout en poursuivant la lutte contre la drogue.
La condamnation par Obama du putsch qui a évincé en juin le président hondurien, Manuel Zelaya, a été appréciée par les dirigeants de gauche, mais certains ont reproché au président américain de ne pas avoir joué un rôle plus actif pour tenter de rétablir Zelaya dans ses fonctions.
Et même le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, personnalité modérée, s'est dit préoccupé par les négociations américano-colombiennes sur le renforcement de la présence américaine.
Alvaro Uribe a rencontré mercredi la présidente chilienne Michelle Bachelet, autre dirigeante modérée, dont le gouvernement a réagi avec prudence.
"Les décisions que prend chaque pays sont souveraines et doivent être respectées", a dit à des journalistes le ministre chilien des Affaires étrangères, Mariano Fernandez.
Au Pérou, numéro deux mondial de la production de cocaïne, Uribe a obtenu le soutien du président Alan Garcia, un conservateur qui est l'un de ses rares alliés dans la région.
Uribe doit aussi se rendre au Paraguay, en Uruguay, au Brésil et en Argentine.
Le président colombien entretient des relations tendues avec l'Equateur et le Venezuela et il ne rencontrera pas leurs dirigeants pendant sa tournée.
Chavez a rappelé la semaine dernière ses diplomates de Bogota à la suite d'allégations du gouvernement colombien selon lesquelles des armes achetées en Suède par le Venezuela se seraient retrouvées aux mains des Farc.
Il a annoncé mercredi que le Venezuela arrêtait l'importation de 10.000 voiture de Colombie.