Après 10 jours de grève générale et d'affrontements, la situation commence à s'apaiser en Nouvelle-Calédonie grâce au protocole d'accord signé par Aircal et le syndicat indépendantiste UTSKE.
AFP - Le climat s'est apaisé jeudi en Nouvelle-Calédonie après la signature d'un protocole d'accord devant mettre fin au conflit à la compagnie Aircal, à l'origine de près de dix jours de violences dans l'archipel.
"Il fallait impérativement que chacun fasse un pas l'un vers l'autre parce que les positions s'étaient trop radicalisées", a déclaré à la presse Philippe Gomes (droite), président du gouvernement, qui a mené les négociations.
Le président d'Aircal, Nidoish Naisseline, et des dirigeants du syndicat indépendantiste USTKE, ont trouvé un terrain d'entente, notamment sur le paiement des jours de grève qui feront l'objet d'avances sur salaires remboursables.
Dans un préambule, l'accord demande aussi le maintien du service public aérien à destination des îles Loyauté, assuré par Aircal, ainsi que le respect des autorités coutumières kanakes, alors que Nidoish Naisseline est également grand chef sur l'île de Maré.
"Nos revendications ont été entendues", s'est félicité Marie-Pierre Goyetche, vice-présidente de l'USTKE.
La secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Marie-Luce Penchard a "salué" jeudi la signature de ce protocole d'accord, estimant que "le travail accompli ces dernières années ne saurait être anéanti par les comportements violents de certains, qui ne relèvent pas d'une activité syndicale"
Le licenciement d'une employée pour faute était à la source du conflit, qui s'était ensuite embourbé dans des rivalités politico-coutumières.
La tournure inquiétante qu'ont pris les évènements mercredi a pesé dans cette sortie de crise. A la tribu de Saint-Louis, près de Nouméa, des dizaines de jeunes, extérieurs au conflit, avaient violemment manifesté, enflammant pneus et morceaux de bois sur la route.
Des impacts de balles avaient été constatés sur les véhicules de gendarmerie tandis qu'un officier a été touché à la cuisse par une balle de 7,5 mm, tirée par un fusil de "grande chasse".
Dans la soirée de mercredi, c'est la cité populaire de Montravel, dans les quartiers nord de Nouméa, qui s'était embrasée. Des voitures ont été calcinées, des magasins vandalisés et la gare routière en partie incendiée.
"La situation était devenue extrêmement dangereuse, avec l'agrégation des jeunes au mouvement. On ne pouvait pas attendre que quelqu'un meure pour qu'il y ait une prise de conscience", a déclaré Philippe Gomes.
Les manifestations et les blocages de l'USTKE, en grève générale depuis le 27 juillet, ont asphyxié l'économie de l'archipel, et fait plus d'une trentaine de blessés parmi les gendarmes et au moins cinq dans les rangs des manifestants.
Jeudi, la situation restait confuse aux abords de la tribu de Saint-Louis, où des jeunes encagoulés ont encore tenu des barrages toute la matinée.
Le syndicat devait se réunir en fin de journée en assemblée générale pour décider de la levée ou de la suspension de son mot d'ordre de grève générale.
La crise n'est en effet pas totalement résolue, car l'USTKE s'était aussi mobilisée pour réclamer la libération de son président, Gérard Jodar, incarcéré depuis fin juin.
Après des exactions déjà dans le cadre du conflit Aircal, M. Jodar a été condamné à un an de prison ferme, et sera jugé en appel le 25 août prochain.
"Nous voulons que sa peine ne soit pas exécutoire", assène-t-on au siège de l'USTKE, qui pourrait relancer ses actions.
En paix depuis 20 ans, la Nouvelle-Calédonie fait l'objet d'un processus de décolonisation devant déboucher sur à partir de 2014 sur un référendum d'autodétermination.