
L'été dernier, de troublants "incidents médicaux" ayant touché des diplomates américains et canadiens en poste à Cuba avaient laissés croire les États-Unis à une "attaque acoustique". Après plusieurs mois d'enquête, cette thèse est écartée.
Souvenez-vous, en août dernier, une étrange série d’incidents médicaux touchant des diplomates en poste à Cuba intriguait au plus haut point les autorités américaines et canadiennes, les poussant à ouvrir une enquête. Rapidement, Washington évoquait la piste d'une possible "attaque acoustique", menée avec des appareils soniques sophistiqués, déployés à l'intérieur ou à l'extérieur de la résidence de diplomates américains.
Dès la fin 2016, des Américains travaillant à l'ambassade des États-Unis de La Havane avaient commencé à présenter "divers symptômes physiques" avant d'être rapatriés, sans que le département d'État ne fournisse d'explication sur ces incidents, ni sur le nombre de victimes concernées. Ce n’est qu’en août de l’année suivante que le Canada avait précisé qu'un de ses diplomates avait subi une perte d'audition, tout comme plusieurs collègues américains. Au total, quatre-vingt personnes auraient souffert de ce curieux mal, qui a eu pour conséquence une perte sévère de l’audition pour trois d’entre elles.
Quatre-vingt personnes auraient souffert de ce curieux mal, avec pour conséquence une perte sévère de l’audition pour trois d’entre elles
On en sait désormais un peu plus sur cette "épidémie", après des mois de spéculations. Dans un rapport publié mercredi dans le Journal of the American Medical Association, des médecins affirment être "presque certains" que les troubles présentés par ces diplomates n’ont pas été provoqués par une arme sonique. Mais leur origine, elle, resterait encore un mystère.
"Comme une commotion cérébrale... sans commotion cérébrale"
Vingt-et-une personnes en lien avec l’ambassade des États-Unis à Cuba ont présenté des symptômes proches de ceux provoqués par des lésions cérébrales – maux de tête, vertiges, hallucinations auditives, sensibilité aux vibrations, troubles du sommeil, changements brutaux d’humeur –, bien qu’aucune trace de véritables lésions n’ait été décelée chez ces dernières. "C’est comme une commotion cérébrale sans commotion cérébrale", a expliqué Douglas Smith, co-auteur de l'étude et directeur du Centre des lésions et réparations cérébrales de l'université de Pennsylvanie, dans une interview enregistrée.
Mais alors comment expliquer la manifestation de tels phénomènes si aucune pathologie ne peut y être reliée ? Pour l’équipe médicale, il pourrait s’agir d’un dérèglement d’un nouveau genre, potentiellement provoqué par une exposition à un environnement particulier à La Havane. Malgré tout, il semble encore à ce stade très difficile d’avancer des hypothèses.
De leur côté, d'autres experts n’excluent pas une forme d'hystérie collective. Un autre article scientifique souligne par exemple que l'étude ne précise pas si les victimes étaient ou non au courant des troubles présentés par leurs collègues avant de s’en plaindre à leur tour. Mais les chercheurs qui se sont penchés sur ce cas sont formels : "La réponse la plus simple, c'est qu'on a bien affaire à quelque chose de réel ici." Reste maintenant à savoir à quoi.
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