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États-Unis : deuxième "shutdown" du gouvernement en trois semaines

Les services gouvernementaux connaissent vendredi leur seconde fermeture administrative partielle, aussi appelée "shutdown", après l'échec d'un vote au Sénat pour adopter un accord budgétaire avant minuit.

Les États-Unis sont de nouveau en situation de shutdown vendredi 9 février mais l'accord budgétaire qui fait défaut pourrait être proche. Dans un premier temps, le Sénat américain a échoué à voter avant minuit la loi de financement de l'État provoquant la fermeture partielle des services gouvernementaux fédéraux avant de finalement d'approuver un compromis budgétaire.

Cependant, le Sénat a fini par voter dans la nuit le compromis budgétaire et a transmis le texte à la Chambre des Représentants. Si elle l'approuve aussi, le texte sera remis à Donald Trump pour signature et le "shutdown" sera levé.

C'est la seconde fois en trois semaines que l'administration Trump est confrontée à un "shutdown" de l'État fédéral, qui ne dispose donc plus de crédits et doit mettre au chômage technique des centaines de milliers de fonctionnaires dans les services fiscaux ou les parcs nationaux. L'administration Trump avait vécu sa première paralysie le 20 janvier, déjà faute d'accord sur le budget. Elle avait duré trois jours.

Dans l'après-midi, la direction du budget de la Maison Blanche avait demandé aux différentes agences gouvernementales de "se préparer à une interruption des crédits", selon un haut responsable.

Une obstruction venue du camp républicain

Mais certains élus avaient annoncé qu'ils s'opposeraient au texte qui augmente le plafond des dépenses. Le sénateur affilié aux républicains Rand Paul a ainsi bloqué le vote pendant plusieurs heures et la présidence du Sénat a dû suspendre la séance.

Sen. Rand Paul on the new senate spending bill: "If you were against President Obama's deficits, and now you're for the Republican deficits, isn't that the very definition of hypocrisy?" https://t.co/EPCvGs13hW pic.twitter.com/24yiMZ7ZqG

  ABC News (@ABC) 8 février 2018

"Je ne peux pas en toute honnêteté et en toute bonne foi regarder ailleurs car mon parti est maintenant complice des déficits", a lancé Rand Paul, dénonçant "l'hypocrisie" de ses collègues républicains qui avaient refusé le relèvement du plafond de la dette demandé par Barack Obama.

Une loi de financement pourtant bipartisane

Le chef de la majorité sénatoriale, le républicain Mitch McConnell, et son homologue démocrate, Chuck Schumer, avaient pourtant trouvé mercredi un terrain d'entente sur les montants des budgets 2018 et 2019, permettant au gouvernement de planifier à long terme ses dépenses et investissements.

L'accord offre à Donald Trump la possibilité de tenir une des promesses de campagne, le gonflement du budget militaire, en augmentant le plafond de la dette jusqu'en mars 2019.

L'opposition démocrate a de son côté obtenu une augmentation comparable pour les dépenses non-militaires comme la lutte contre les opiacés, la couverture maladie des enfants pauvres, les investissements dans les infrastructures, ou une aide de 90 milliards de dollars pour les États ravagés par les ouragans et incendies en 2017. Au total, la hausse pourrait atteindre 300 milliards de dollars par an, de source sénatoriale.

Today I urged my colleagues to let this budget go forward, through both chambers & onto the President’s desk, where President Trump seems ready to sign it. It will help America in so many ways. pic.twitter.com/mqO6mXBkQ8

  Chuck Schumer (@SenSchumer) 8 février 2018

"Ce budget fait les deux, financer notre armée et la classe moyenne (qui a) depuis des décennies souffert d'une austérité inutile que le Congrès s'est lui-même imposée", a affirmé Chuck Schumer devant les sénateurs.

Mais certains parlementaires grincent des dents. Des républicains estiment que le texte va considérablement augmenter la dette du pays, alors qu'une loi sur une baisse massive des impôts vient d'être votée.

Aucune mention des Dreamers

Les démocrates grondent car il ne mentionne pas la régularisation à terme des centaines de milliers de clandestins appelés "Dreamers" (rêveurs). L'opposition veut lier le sort de ces jeunes entrés illégalement dans le pays alors qu'ils étaient enfants à un accord budgétaire, ce qui avait déjà mené au "shutdown" il y a trois semaines.

Les "Dreamers" étaient protégés de toute expulsion par le programme Daca, créé en 2012 par l'ancien président Barack Obama. Donald Trump a abrogé le décret de son prédécesseur et a donné au Congrès jusqu'au 5 mars pour trouver une issue législative.

A short time ago, I sent a letter to @SpeakerRyan, along with @WhipHoyer & @clyburn, again requesting he publicly commit to bringing up bipartisan legislation to #ProtectDREAMers in the House.

  Nancy Pelosi (@NancyPelosi) 9 février 2018

La cheffe des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi, a prévenu qu'elle voterait "non" si un débat sur l'immigration n'était pas mis à l'ordre du jour. Elle s'est exprimée mercredi dans l'hémicycle pendant huit heures et sept minutes - un record - en lisant des témoignages de "Dreamers".

"Les deux partis sont vraiment engagés pour trouver une solution au défi du Daca", a rassuré jeudi le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan.

Avec AFP