
En visite en Corse, le président français s'est déclaré, mercredi, favorable à ce que l'île soit mentionnée dans la Constitution, mais s'est opposé aux autres exigences des nationalistes sur la co-officialité de la langue.
Au deuxième jour de son déplacement en Corse, mercredi 7 février, le président français, Emmanuel Macron, s'est dit "favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constitution". Depuis Bastia, il a appelé les élus insulaires à débattre de ce projet "dans le mois qui vient", avant sa discussion au printemps dans le cadre du projet de révision constitutionnelle sur la réforme des institutions.
Ce serait "une manière de reconnaître son identité et de l'ancrer dans la République", a estimé le président dans un discours prononcé à l'issue de sa visite.
Contre la co-officialité de la langue corse
Après cette concession aux revendications nationalistes, le président a opposé une fin de non-recevoir à la co-officialité de la langue corse et au statut de résident. Il s'est dit "tout à fait favorable à l'esprit du bilinguisme", mais contre la "co-officialité" de la langue corse, affirmant : "dans la République française, il y a une langue officielle, le français".
"Jamais je ne pourrai accepter qu'on réserve tel ou tel emploi à celui qui parle corse", a-t-il poursuivi.
it
Pas de statut de résident
De même, a-t-il indiqué, "la mise en œuvre d'un statut de résident" en Corse n'est "pas la bonne réponse" aux problèmes immobiliers sur l'île. "Aujourd'hui, quand les prix montent et que les terrains sont vendus, ce sont rarement des gens qui ne sont pas corses qui en profitent", a déclaré le chef de l'État qui s'est engagé à "favoriser la construction de logements" et à "simplifier les règles d'urbanisme", face à des "contraintes parfois exorbitantes" liées à la spécificité géographique de l'île.
Il a également promis de simplifier la réglementation pour mettre fin aux "situations ubuesques" liées à la loi littoral. "La priorité doit porter sur la protection des littoraux et des montagnes", a expliqué le président français. "Je vous donnerai la possibilité d'adapter ces réglementations pour qu'elles soient plus intelligentes."
"Construire son avenir au sein de la République"
Sur la fiscalité, il a prévenu que si "des formes de fiscalité locale" pouvaient être développées, elles s'accompagneraient de "baisses de dotation parallèles".
"Comment souhaiter une autonomie fiscale et en même temps demander encore plus à la solidarité nationale ? Comment vouloir que la ressource fiscale soit affectée à un territoire et demander la solidarité nationale pour la dotation ? Ca n'existe pas", a déclaré le chef de l'État.
"La Corse est au cœur de la République, elle doit construire son avenir au sein de la République", a-t-il réaffirmé, comme la veille lors de l'hommage rendu au préfet Claude Erignac, assassiné il y a vingt ans à Ajaccio par un commando nationaliste.
"C'est un soir triste pour la Corse"
"Ce discours manifestement est un discours très en deçà des attentes et des enjeux, non seulement de la majorité territoriale, non seulement de l'ensemble des nationalistes mais également d'une très grande majorité de Corses", a déclaré Gilles Simeoni, le président de l'exécutif de la collectivité territoriale corse.
"C'est un soir triste pour la Corse", a renchéri Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, qui s'est dit "consterné par le niveau des réponses qui sont données".
"Je suis convaincu qu'il y a un chemin. À nous de bien travailler" ensemble, leur a dit le chef de l'État lorsqu'il est venu les saluer et les remercier de leur accueil, juste après son discours.
Avec AFP