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Plus de 2 000 délégués du Fatah sont appelés à renouveler les instances dirigeantes du parti à l'occasion de son premier Congrès en 20 ans. Pour Mahmoud Abbas, c'est aussi l'occasion de renforcer son autorité face au Hamas.
REUTERS - Le Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a ouvert mardi son premier congrès depuis vingt ans, au cours duquel il devrait approuver la solution à deux Etats mais sans exclure la possibilité d'une "lutte armée" contre Israël.
Plus de 2.000 délégués vont se réunir pendant trois jours à Bethléem afin d'adopter un programme qui distingue le Fatah des islamistes du Hamas, auxquels les Occidentaux demandent en vain de renoncer à la violence et de reconnaître l'Etat juif.
Mais ce congrès destiné à rajeunir et restructurer le mouvement ne devrait pas enterrer la charte fondatrice qui appelle, comme celle du Hamas, à la destruction d'Israël.
Le texte fondateur du Fatah, créé en 1965 par Yasser Arafat, appelle à la lutte armée "jusqu'à ce que l'entité sioniste soit supprimée et la Palestine libérée".
Pour Nabil Shaath, vétéran du Comité central du Fatah, la charte "ne peut pas être modifiée".
"Elle restera en l'état. Cela ne sera pas sujet à discussion", a confirmé Azzam al Ahmad, autre haut dirigeant du mouvement.
"Nous avons le droit de pratiquer toute forme de lutte nationale, a-t-il ajouté. Nous sommes dans la phase de libération nationale et nous avons le droit d'employer tous les moyens dans le combat pour faire cesser l'occupation, jusqu'à ce que nous ayons établi l'Etat."
Avi Dichter, ancien ministre israélien de la Sécurité publique et député du parti centriste Kadima, a déclaré que laisser la porte ouverte à la lutte armée "nous renverrait, eux et nous, des décennies en arrière".
DIFFICULTÉS FACE AU HAMAS
Des analystes palestiniens soulignent qu'il serait difficile pour le Fatah de lutter avec le Hamas s'il amendait sa charte avant d'avoir trouvé un accord avec Israël sur l'établissement d'un Etat palestinien.
Ce premier congrès en vingt ans intervient dans un contexte difficile pour la faction de Mahmoud Abbas, qui a vu le Hamas la dominer dans les urnes en 2006 avant de la chasser de la bande de Gaza par les armes un an plus tard.
Environ 400 délégués n'ont pas été autorisés par le Hamas à quitter la bande de Gaza pour se rendre à Bethléem, où une nouvelle génération est censée émerger à la tête du mouvement.
Pilier de l'Organisation de libération de Palestine (OLP), le Fatah doit se réunir tous les cinq ans, selon ses statuts.
Mais Yasser Arafat, qui souhaitait s'épargner toute remise en cause de son autorité, n'a eu de cesse de reporter les congrès du mouvement pour diverses raisons jusqu'à sa mort en 2004. La dernière réunion a eu lieu à Tunis en 1989.
Il s'agit du premier congrès qui se tient en territoire palestinien. Il se déroule dans une école chrétienne près de la Basilique de la Nativité.
Le projet de nouveau programme préconise de nouvelles formes de résistance, notamment la désobéissance civile contre les implantations juives en Cisjordanie occupée ou la barrière de sécurité érigée par Israël.
Surtout, le texte n'exclut pas le recours à la "lutte armée" en cas d'échec des pourparlers de paix, ni l'éventualité d'une déclaration unilatérale de création de l'Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Le président de l'Autorité palestinienne s'est retiré des pourparlers de paix avec l'Etat juif après l'offensive des forces israéliennes en décembre et janvier derniers dans la bande de Gaza.
Les discussions ne reprendront que si le gouvernement de Benjamin Netanyahu accepte de geler les activités de colonisation, a déjà prévenu Mahmoud Abbas, soutenu en ce sens par les Etats-Unis et l'Europe.
"Nous espérons que nos voisins nous permettrons d'arriver à la paix pour construire l'avenir de notre Etat qui vivra aux côtés de leur Etat dans la paix et la sécurité", a dit Mahmoud Abbas à la veille du congrès.