
L'élection présidentielle vénézuélienne se tiendra finalement "avant le 30 avril", a annoncé le pouvoir. Pour sa réélection, Nicolas Maduro tentera de profiter des divisions de l'opposition.
Le pouvoir vénézuélien, englué dans une grave crise économique, a convoqué, mardi 23 janvier, une élection présidentielle anticipée à laquelle le chef de l'État socialiste Nicolas Maduro va se représenter afin de profiter d'une dynamique électorale favorable et des divisions de l'opposition.
"Avant le 30 avril, doit se dérouler une élection présidentielle au Venezuela", annonce le décret proposé par le numéro deux du régime Diosdado Cabello et adopté à l'unanimité par l'Assemblée constituante, acquise à Nicolas Maduro.
Jusqu'à présent, la présidentielle était officiellement prévue pour fin 2018 mais certains experts estimaient déjà que sa date pourrait être avancée par le camp présidentiel.
Dans la foulée, le président vénézuélien s'est dit prêt à se lancer dans la course à la présidentielle. "Je suis un humble travailleur, un humble homme du peuple. Si le Parti socialiste uni du Venezuela (...) croit que je dois être le candidat à la présidentielle du camp révolutionnaire (...) je suis à sa disposition", a-t-il déclaré à la presse avant de participer à un rassemblement public à Caracas.
Les douze pays latino-américains du Groupe de Lima ont condamné l'organisation anticipée de ce scrutin, estimant par la voix du chef de la diplomatie chilienne Heraldo Muñoz que "cette décision empêche le déroulement d'élections présidentielles démocratiques, transparentes et crédibles".
Son homologue mexicain Luis Videgaray a annoncé que son pays se retirait des discussions entre le gouvernement et l'opposition vénézuéliens qui tentent à Saint-Domingue de trouver une sortie de crise. Les modalités et la date du prochain scrutin présidentiel font justement partie des principaux points débattus.
Vers un candidat unique de l'opposition désigné par une primaire
Ces discussions reprendront néanmoins les 28 et 29 janvier prochains, a annoncé mardi le président Maduro, qui a réaffirmé être "prêt à signer" un éventuel accord afin de résoudre la crise politico-économique au Venezuela, secoué d'avril à juillet par une vague de manifestations antigouvernementales au cours desquelles 125 personnes ont été tuées.
En annonçant que l'élection présidentielle serait anticipée, Diosdado Cabello a expliqué que cette décision était une manière pour Caracas de répondre aux sanctions imposées mardi par l'Union européenne contre de hauts dirigeants vénézuéliens, dont lui-même.
La coalition de l'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), qui a essuyé défaite sur défaite aux régionales et aux municipales, s'est engagée fin décembre à également présenter un candidat unique. Il pourrait être choisi "via des primaires en quatre à cinq semaines", a précisé mardi l'un des dirigeants du mouvement, Henry Ramos Allup.
Autre décision prise par la Constituante toute puissante : les trois principales formations de la coalition opposée à Nicolas Maduro devront, pour participer à la présidentielle, se réinscrire auprès des autorités électorales pour avoir boycotté les municipales du 10 décembre.
Avec une pénurie généralisée, allant des aliments aux médicaments, en passant par les matières premières, et une hausse des prix attendue à 2 350 % en 2018, selon le FMI, le Venezuela est secoué par une crise économique hors de contrôle.
Avec AFP