Le documentaire "Sugarland", du réalisateur australien Damon Gameau, révèle les quantités de sucre "caché" que nous consommons dans tous nos produits du quotidien ou presque, même ceux estampillés "light" ou "healthy".
Pendant 60 jours, l’acteur et réalisateur australien Damon Gameau a fait le test de consommer l’équivalent de 40 cuillères à café de sucre au quotidien et d’en observer les effets sur son corps, sur sa santé. Pourquoi le nombre de 40 ? Eh bien parce que cela correspond à 160 grammes de sucre, soit la consommation moyenne d’un Australien. À titre de comparaison, la moyenne française est de 100 grammes par jour, soit 25 cuillères de sucre tout de même.
Les dangers du sucre
Forcément, on ne peut s’empêcher de penser au documentaire culte de Morgan Spurlock "Super Size Me", sorti en 2004, qui s’était forcé à manger au McDonald’s trois fois par jour pendant un mois. Si on se doutait bien que la malbouffe n’était, comme son nom l’indique, pas très bonne pour notre santé, Damon Gameau choisit lui de ne consommer que des aliments plutôt healthy. Pas de sodas, de glaces ou de confiseries, mais plutôt des yaourts à faible teneur en matière grasse, des barres de muesli ou des jus de fruits. Un régime en apparence sain ? Pas du tout. Au bout de quelques semaines à peine, le cobaye développe un pré-diabète, des risques cardiovasculaires et prend 11 cm de tour de taille.
80 % des aliments transformés contiennent du sucre
À grand renfort d’animations visuelles ludiques et toujours sur le ton de l’humour, le documentaire "Sugarland" révèle en fait à quel point tous les produits de notre quotidien contiennent du sucre même lorsque cela ne semble pas évident. Si forcément beaucoup des aliments cités dans le film ne sont pas dans les rayons de nos supermarchés français, on peut facilement trouver d’autres exemples : un yaourt Activia à la vanille contient par exemple 4,1 cuillères à café de sucre, soit près du double d'une barre chocolatée Kinder Maxi. Et un smoothie Innocent au kiwi en contient 6,5 cuillères (pour 250 ml), soit autant qu’un Coca-Cola. En 2017, l’Organisation mondiale de la santé a ainsi placé les jus de fruits industriels dans la catégorie des "boissons sucrées" et non plus des "fruits".
Kyan Khojandi, qui prête sa voix à la version française du documentaire, avoue avoir été décontenancé par ces informations. "Le matin, je mangeais du fromage blanc 0 % parce que je pensais que c’était bon pour moi. Mais en fait il contient plus de sucre que le fromage blanc gras vendu chez mon fromager", raconte-t-il à Mashable FR. Si "light" ou "0 %" signifie allégé en graisses, il n’en est pas de même pour la teneur en sucre. Plus d’un an après avoir travaillé sur le doublage de "Sugarland", l’acteur français avoue d’ailleurs n’avoir "pas rebu un seul smoothie".
"Le sucre est plus addictif que certaines drogues"
Le problème c’est que ce sucre, ce sont les industriels qui l’ajoutent au moment de la fabrication de produits salés comme sucrés, et ce depuis des décennies. Environ 80 % de nos aliments transformés contiendraient du sucre aujourd’hui, et la consommation mondiale de cette substance aurait augmenté de 46 % au cours des 30 dernières années, avance Damon Gameau. À tel point que notre palet s’y est complètement habitué, et qu’on a tous plus ou moins développé sans le savoir une addiction à cette substance douce. "Ça a été scientifiquement prouvé que le sucre est plus addictif que certaines drogues", avance Kyan Khojandi. "Après ce film, personnellement je me suis engagé à faire un sevrage de sucre pendant 20 jours, et j’ai vraiment eu les effets du sevrage. J’ai eu des pertes d’énergie, des fringales de sucre. J’avais dans mon placard une boîte de corn flakes gavés de sucre, et je sentais cette boîte m’appeler ! Je me voyais me faire un bol… comme un camé !"
Nouvelle année, nouveau projet ! Ça sort le 24 janvier au Ciné !@Sugarlandlefilm #sugarlandlefilm pic.twitter.com/rfBYqSdgdW
— Kyan Khojandi (@kyank) 16 janvier 2018
Clairement un documentaire ne parviendra pas à secouer toute une industrie qui va bon train. D’autant plus que les études scientifiques et les essais cliniques de grande ampleur restent rares, et parfois peu fiables : au cours de son enquête, Damon Gameau rencontre un scientifique qui avoue être employé par Coca-Cola…
Apprendre à lire une étiquette
Plutôt que de lutter contre Goliath, "Sugarland" aspire à sensibiliser le public sur l’omniprésence du sucre dans leur alimentation. "Chacun mène sa vie comme il l’entend, je ne suis pas là pour dire que le sucre c’est mal. Mais le but du documentaire, c’est juste de dire 'retrouvez le choix de manger en sachant ce qui est sucré et ce qui ne l’est pas'. Il ne faut pas arrêter de se faire plaisir, mais il faut juste réaliser qu’on mange du sucre sans le savoir. C’est le seul moyen d’éviter des maladies cardiovasculaires et le diabète. Il faut donner la clé, ensuite chacun en fait ce qu’il veut", explique Kyan Khojandi.
"Est-ce qu’en vous réveillant le matin vous prendriez quatre cuillères de sucre ?"
Alors concrètement, on fait comment pour surveiller ces "sucres cachés" ? "Il faut apprendre à lire une étiquette ; et d’ailleurs en France on a la chance d’avoir des étiquettes qui sont à peu près claires", conseille l’acteur. "Quand vous voyez une barre chocolatée qui contient 8 grammes de sucre, demandez-vous si vous mangeriez deux cuillères de sucre comme ça ? Si vous pensez qu’un bol de céréales c’est 'un peu' de sucre, et bien en fait c’est déjà 10 à 12 grammes de sucre, donc l’équivalent de 3 cuillères. Est-ce qu’en vous réveillant le matin vous prendriez trois ou quatre cuillères de sucre ? La réponse est non a priori. En réfléchissant comme ça, on peut déjà faire un grand pas." Reste aussi la solution, bien sûr, de consommer un maximum de produits frais, bruts et donc forcément non transformés. Il en va de notre santé.
Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.