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États-Unis : le "shutdown", une histoire de bras de fer entre républicains et démocrates

Un an jour pour jour après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, les États-Unis se retrouvent dans une période de turbulences, avec la fermeture partielle de l'administration fédérale. Depuis 1976, il s'agit du 19e "shutdown".

Le gouvernement fédéral américain se retrouve officiellement à court d'argent après l'échec, vendredi 19 janvier, des négociations entre républicains et démocrates sur le vote du budget.

Les premiers effets du "shutdown" devraient se faire sentir lundi. Les activités de nombreuses agences fédérales, comme les services fiscaux, seront réduites, mais les services de sécurité seront globalement épargnés. Les 1,4   million de militaires américains poursuivront leurs opérations, mais sans être payés. Les personnels civils "non-essentiels" seront mis en congé.

Quelles conséquences ?

Au niveau de l’armée, le département de la Défense a annoncé que le "shutdown" n'aurait aucun impact sur les interventions en cours en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Mais en cas de crise prolongée, les opérations de maintenance de la flotte de la Navy pourraient être menacées et les avions de guerre cloués au sol.

Dans le domaine de la justice, moins de 10   % des 115   000 employés dépendant du département de la Justice devraient être concernés, les 95   000 autres étant considérés comme "personnels essentiels". Les tribunaux fédéraux, y compris la Cour suprême, disposent des budgets nécessaires pour fonctionner normalement pendant trois semaines environ.

À la Maison Blanche, plus de 1   000 des 1   715 employés au siège de la présidence seront mis en congé. Les activités de Donald Trump ne seront pas concernées  : son déplacement la semaine prochaine à Davos, en Suisse, pour le Forum économique mondial est maintenu.

Depuis 1976, le gouvernement fédéral a connu 18 autres "shutdown". Les principaux ont eu lieu sous les présidences de Jimmy Carter, Bill Clinton et Barack Obama. Le recordman du nombre de paralysies est cependant Ronald Reagan avec huit "shutdown" à son compteur. Le dernier en date  remonte à octobre 2013, sous l'administration Obama. Il avait duré 16 jours et s’était traduit par la mise au chômage technique sans paie de plus de 850   000 employés fédéraux considérés comme "non essentiels" au fonctionnement de l'administration.

À chaque fois, cette situation a été causée par un bras de fer entre républicains et démocrates quand le président en exercice ne disposait pas de la majorité requise dans les deux Chambres. Donald Trump est le premier à se retrouver face à une telle issue alors que la Maison Blanche et les deux chambres du Parlement sont aux mains du même parti.

Les Etats-Unis pourraient vivre leur premier "shutdown" depuis octobre 2013, synonyme de chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires #AFP pic.twitter.com/bwqdhGKHr2

  Agence France-Presse (@afpfr) 19 janvier 2018

Retour sur certains de ces précédents "shutdowns" :

  • 1976 : Sous la présidence de Gerald Ford, le gouvernement avait connu un arrêt de ses activités pendant 10 jours. Cette situation avait été provoquée par le veto mis par le chef de l’État à un financement au département du Travail et au département de la Santé et des services sociaux, jugeant alors que les dépenses étaient incontrôlées.
  • 1977 : Un an plus tard, le nouveau président Jimmy Carter est lui aussi mis en difficulté à cause d'oppositions au sein du camp démocrate sur la question de l'aide financière à l'avortement . Au cours de sa présidence, il subit au total cinq "shutdown". Le plus long dure 18 jours en 1978.
  • 1983 : Ronald Reagan détient le record de huit "shutdowns" durant ses deux mandats (1981-1989). Le plus long a duré trois jours en 1983 et concernait des tensions par rapport aux budgets. La chambre des représentants avait alors augmenté le budget à l'éducation, mais réduit ceux de la défense et de l'aide internationale, ce qui avait mené à un désaccord avec le Président Reagan.
  • 1990 : Un seul "shutdown" s’est produit sous la présidence du républicain Georges H.W. Bush en 1990 et a duré quatre jours. Alors que les deux chambres étaient à majorité démocrate, le différent a porté sur la lutte contre les déficits.
  • 1995-1996 : Le plus long "shutdown" a eu lieu pendant 21 jours durant le mandat de Bill Clinton. Le bras de fer a opposé les républicains, au pouvoir au Congrès, et le président démocrate concernant des coupes dans les dépenses de protection sociale. À l'époque, 280   000 fonctionnaires avaient été mis au chômage et 475   000 n'avaient pas été payés. Le Congrès avait ensuite remboursé les jours de chômage technique. Le coût de cette paralysie avait été estimé à 1,4   milliard de dollars (environ 2   milliards aujourd'hui). Alors que le camp républicain avait été jugé responsable de cette pagaille, Bill Clinton avait été facilement réélu quelques mois plus tard.
  • 2013 : Le "shutdown" d'octobre 2013, sous la présidence de Barack Obama, avait duré 16 jours et plus de 800   000 fonctionnaires et agents fédéraux avaient été mis en congé d'office. Il avait été entraîné par des désaccords concernant l’Obamacare, la réforme de l’assurance maladie, entre la chambre des représentants contrôlée par les républicains et le Sénat aux mains des démocrates. Les républicains de la Chambre des représentants avaient refusé de voter un budget qui ne supprimerait pas le financement de la réforme de l'assurance-maladie.

Avec AFP et Reuters