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Prisons : les syndicats rejettent le projet d'accord et appellent au blocage lundi

Après une semaine de tensions dans les prisons, les syndicats de surveillants ont rejeté samedi un projet d'accord négocié avec le gouvernement et appelé à un "blocage total" des établissements lundi dès 6 heures.

La mobilisation des gardiens devrait se poursuivre la semaine prochaine. Débuté lundi dernier après l'agression de plusieurs surveillants dans une prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) par un détenu radicalisé, le mouvement s'était ralenti samedi lors de la phase de consultation du projet d'accord qui a finalement été rejetté unanimement.

"En deça des attentes"

L'Ufap-Unsa, le syndicat majoritaire (40 %), a annoncé dans la soirée qu'après avoir consulté ses militants, il ne signerait pas ce texte, pourtant négocié avec le gouvernement durant la semaine sur base d'une plateforme commune de revendications avec la CGT-Pénitentiaire (environ 15 %). Ce dernier avait déjà annoncé dans l'après-midi qu'elle ne signerait pas, évoquant des propositions "bien en deçà des attentes des collègues mobilisés, notamment en terme de reconnaissance et d'attractivité de (ses) missions de service public (indemnité et statut) et de l'insuffisance de création de postes proposés".

Le document publié sur le site du syndicat majoritaire l'Ufap-Unsa, proposait la création de 1 100 emplois de surveillants d'ici 2022, "dont une première tranche de 100 emplois dès 2018" (400 en 2019, puis 300 par an) et des mesures pour améliorer la sécurité des gardiens. Il prévoyait également la définition d'un régime de détention pour les "détenus terroristes et radicalisés", afin d'assurer une "étanchéité totale de la gestion des détenus les plus dangereux".

Actuellement, 28 000 surveillants sont en exercice pour près de 70 000 détenus dans 188 établissements en France. La chancellerie estime à environ 500 les détenus incarcérés pour des faits de terrorisme et à 1 500 les détenus considérés comme potentiellement radicalisés.

Revalorisation indemnitaire des personnels

L'Ufap-Unsa, qui avait fait de la sécurité l'axe prioritaire de ses revendications, explique avoir "entendu" ses militants et "acte la demande de revalorisation indemnitaire des personnels mobilisés et meurtris dans leur chair".

De son côté, FO-Pénitentiaire (environ 30 %), qui fait cavalier seul depuis le début du mouvement, a appelé à durcir le ton. Ce syndicat appelle non seulement à des débrayages mais aussi à des "dépôts de clés", geste qui consiste pour les surveillants à ne pas prendre leur travail et à laisser, le cas échéant, les forces de l'ordre prendre le relais.

Nouvelle agression en Corse

Vendredi, deux gardiens de prison ont été sérieusement blessés par un détenu signalé pour radicalisation, peut-être aidé par des complices, dans le centre pénitentiaire de Borgo en Haute-Corse où s'est rendue la garde des Sceaux.

Le syndicat FO-Pénitentiaire a réagi en appelant "à durcir" les modalités d'action, avec un "dépôt de clés" dans tous les établissements. Selon l'Administration pénitentiaire, ce "dépôt des clés" n'a été effectif qu'à Borgo vendredi, et c'est la gendarmerie qui a assuré l'ordre et la surveillance dans l'établissement.

"Le dépôt de clés, c'est la mesure ultime", a commenté auprès de l'AFP Yoan Karar, secrétaire général adjoint de FO pénitentiaire: "Quand c'est comme ça, c'est les forces de l'ordre qui prennent le relais".

La garde des Sceaux Nicole Belloubet s'est ensuite rendue à l'hôpital pour rencontrer les détenus avant de se rendre à la prison de Borgo. Sur place, elle s'est entretenue avec les organisations syndicales et le personnel avant d'être huée devant l'établissement par une centaine d'agents qui ont refusé de lui parler. Notant l'"émotion" et la "colère" des personnels, elle s'est engagée à "apporter des réponses" à tous les points soulevés, notamment en matière de sécurité et de gestion des détenus radicalisés.
 

Avec AFP