
Les opposants Moussavi et Karoubi, qui réclament toujours l'annulation du scrutin présidentiel du 12 juin, ont refusé de participer à la cérémonie de confirmation de l'élection d'Ahmadinejad. Celui-ci sera investi par le Parlement mercredi.
Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a confirmé la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la tête de l’Iran, au cours d’une cérémonie boudée par plusieurs personnalités réformistes. Depuis l’élection présidentielle du 12 juin, le pays traverse la plus grave crise politique de ces trente dernières années.
"Le peuple iranien a voté en faveur de la lutte contre l’arrogance et la pauvreté et pour le développement de la justice", a assuré le guide suprême au cours de la cérémonie, avant de remettre le décret de confirmation de l’élection au président Ahmadinejad.
Mercredi, Mahmoud Ahmadinejad devra prêter serment devant le Parlement. Il disposera ensuite de deux semaines pour présenter les membres de son cabinet. "Cette tâche risque d’être assez difficile puisqu’elle intervient dans un contexte de crise sans précédent depuis la révolution islamiques de 1979", précise à FRANCE 24 Delphine Minoui, correspondante pour le Figaro dans la région.
Procès d'une centaine de manifestants
Les anciens présidents Akbar Hachémi Rafsandjani et Mahammad Khatami et les deux figures de l’opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi ont brillé par leur absence à la cérémonie de ce lundi. Plusieurs dignitaires religieux n’ont pas assisté à la cérémonie non plus. "C’est un signe de défiance vis-à-vis du pouvoir, mais également un signe de solidarité avec l’opposition qui continue de contester le résultat du scrutin", explique Delphine Minoui.
De son côté, le président Ahmadinejad a profité de la cérémonie pour dénoncer l'intervention de certains pays étrangers dans l'élection présidentielle. "Je dis aux gouvernements interventionnistes: 'Vous avez commis une injustice à l'égard du peuple lors de cette élection et vous avez mal utilisé vos moyens politiques et financiers'", a-t-il déclaré.
La confirmation de l’élection d’Ahmadinejad par le guide suprême intervient alors que se tient le procès d’une centaine de personnes, arrêtées au cours des manifestations qui ont suivi le scrutin. Le procès doit reprendre jeudi. Les accusés sont jugés devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran pour atteinte à la sécurité nationale et encourent jusqu’à 5 ans de prison. S’ils sont reconnus coupables d’être des "mohareb" (ennemis de Dieu), ils risquent la peine de mort.
"Des tortures moyenâgeuses"
Ni les familles ni les avocats des accusés ne peuvent assister au procès. Seule la presse officielle a pu avoir accès à la salle lors de la première audience, le 1er août. Devant les caméras de la télévision iranienne, plusieurs personnalités du camp réformateur se sont repenties. Selon l’agence Fars, l’ancien vice-président Mahammad Ali Abtahi, a déclaré "la question des fraudes [...] était un mensonge [...] sorti pour provoquer des émeutes".
Pour le chef de l’opposition Mir Hossein Moussavi, "ces aveux rappellent les tortures moyenâgeuses". Il a estimé sur son site internet que le procès était "truqué". L’ancien président Mahammad Khatami a, lui, qualifié le procès de "mise en scène".
"Ce qu’on appelle la torture blanche est un procédé assez connu en Iran, explique Delphine Minoui. En général, les opposants sont arrêtés et isolés dans ces cellules microscopiques […]. On leur fait passer des interrogatoires qui durent des heures et des heures. Ils sont parfois menacés de mort. Au bout d’un ou deux mois, on leur propose de les libérer s’ils déclarent reconnaître qu’ils ont voulu renverser le régime ou porter atteinte à la sécurité nationale. C’est ce à quoi on assiste à l’heure actuelle."