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France : mouvement social des surveillants de prison

Les syndicats de surveillants ont entamé, lundi, en France, un "blocage total" des prisons après l'agression de trois de leurs collègues par un détenu jihadiste dans le Pas-de-Calais. Le directeur a démissionné.

"C'est une opération prison morte. Tout sera fait au ralenti. Les agents sont très déterminés", prévient Jean-François Forget de l'Ufap-Unsa Justice. Lundi 15 janvier, les syndicats pénitentiaires ont appelé à "un blocage total" après l'agression, le 11 janvier, de trois surveillants par un détenu jihadiste, à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Ils réclament plus de sécurité et de moyens.

Quelues heures après le début du mouvement, le directeur de la prison a quant à lui demandé à être relevé de ses fonctions. Une démission qui a été acceptée par le ministère de l'Intérieur.

Cette "opération prison morte" est lancée par les trois syndicats l'Ufap-Unsa Justice, syndicat majoritaire, la CGT Pénitentiaire et FO Pénitentiaire, qui assurent qu'elle est "reconductible".

"Tant qu'on ne trouvera pas un chemin d'entente avec le gouvernement, on ne lâchera rien", a affirmé Jean-François Forget, qui dénonce "l'impunité totale" dans les prisons et le "laxisme" des gouvernements successifs face au traitement des détenus radicalisés les plus violents.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, doit se rendre à Vendin-le-Vieil, où trois gardiens ont été blessés, il y a quatre jours, à l'arme blanche par l'islamiste allemand Christian Ganczarski, un des instigateurs de l'attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie), qui avait fait 21 morts en avril 2002.

Blocages partout en France

À Vendin-le-Vieil, plus de cent surveillants ont bloqué à nouveau, "quasiment totalement", la prison lundi matin. Quelques heures plus tard, Richard Bauer, le directeur de la prison, a demandé à "être relevé de son commandement".

"Il m'a indiqué que compte tenu de la situation, les conditions ne lui paraissaient plus réunies pour qu'il puisse diriger l'établissement avec sérénité. En conséquent, il (Richard Bauer) demandait à être relevé de son commandement sur Vendin-le-Vieil", a indiqué Alain Jégo, directeur interrégional des services pénitentiaires.

À Fresnes (Val-de-Marne), environ 150 agents se sont réunis à partir de 6 h autour de barricades dressées le long de l'allée bordant le mur d'enceinte du centre pénitentiaire, où les manifestants faisaient brûler quelques palettes, sous l'œil de quelques CRS.

"On a pas mal de détenus radicalisés en sous-marin dans la détention.(...) Avec la surpopulation et le manque d'effectifs, c'est dur de s'en rendre compte", explique Christian, surveillant dans cette prison remplie à 200 % de sa capacité.

Les syndicats UFAP/UNSA et FO tentent de bloquer la prison de Fresnes (Val-de-Marne) ce matin. Ici, 2800 détenus pour 1400 places... #LCI #FRESNES pic.twitter.com/XrRMe5H7zY

  Baptiste Morin (@baptistemor1) 15 janvier 2018

À Marseille, une cinquantaine d'agents, postés à 6h30 devant les deux entrées de la prison des Baumettes, entendent bloquer "pendant quelque temps" l'entrée des agents venant prendre leur service, a constaté une photographe de l'AFP. Des palettes ont également été installées.

"C'est une première mobilisation pour montrer au gouvernement qu'il doit nous prendre au sérieux. Il faut arrêter les belles paroles, on veut des actes concrets pour l'amélioration de nos conditions de travail et notre sécurité", a expliqué David Cucchetti, de la CGT-Pénitentiaire.

Avec AFP