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Un attroupement a été dispersé vendredi par des tirs de sommation de la police devant la cathédrale de Kinshasa, après une messe très critique envers le pouvoir du président Joseph Kabila.

Le bras de fer se poursuit en République démocratique du Congo entre l'Eglise catholique et le gouvernement. Les policiers ont dispersé vendredi 12 janvier des groupes de fidèles qui quittaient l'enceinte de la cathédrale Notre-Dame, après une messe célébrée par le cardinal Laurent Monsengwo à la mémoire des victimes d'une marche anti-gouvernementale interdite et dispersée le 31 décembre dernier.

"Il y a des tirs qui ont été entendus. Il s’agit vraisemblablement de gaz lacrymogènes. Il y a eu un mouvement de foule", a rapporté Thomas Nicolon, le correspondant de France 24 à Kinshasa. " Selon la police congolaise, les policiers ne faisaient que répondre à des jets de pierre qui venaient apparemment des partisans d’un opposant politique. Certains témoins parlent de balles réelles qui auraient été tirées, mais le porte-parole de la police garanti qu’aucune arme létale n’a été utilisée".

Un jeune homme légèrement blessé au visage a affirmé auprès de l’AFP avoir été touché par ces tirs de sommation. Il a été soigné dans le jardin de la cure derrière la cathédrale.

Une messe très politique

Très critique envers le président Kabila, l'archevêque de Kinshasa Laurent Monsengwo a célébré une messe marquée par la ferveur religieuse, mais à la résonance politique, dans la plus grande cathédrale de Kinshasa pleine à craquer. Au premier rang étaient assis côte à côte les ambassadeurs de Belgique, de France, du Canada, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, une représentante des États-Unis, ainsi que le secrétaire du nonce apostolique au second rang.

La messe a été interrompue à plusieurs reprises par des salves d'applaudissements, des chants, des slogans, voire des huées, qui ont ponctué l'intervention de différents membres du clergé pour le respect d'un accord politique conclu sous l'égide de l'Eglise catholique, prévoyant le départ du pouvoir du président Kabila.

"Si nous avons perdu un frère, une soeur, nous avons gagné des héros, des vrais, parce qu'ils ont mêlé leur sang à celui de tous ceux qui sont morts pour l'alternance au pouvoir gage de la démocratie", a lancé pendant son sermon l'évêque auxiliaire Donatien Bafuidinsoni, faisant se lever l'assistance.

La nonciature et les Nations unies ont révisé jeudi le bilan de la répression à la hausse, passant de cinq à six morts.

À plusieurs reprises, les intervenants ont récité le nom des six victimes de la dispersion par les forces de l'ordre des "marches pacifiques" du 31 décembre organisées par des laïcs proches de l'Église. Les autorités affirment qu'il n'y a pas eu de décès en lien avec ces marches.

Des élections sont prévues le 23 décembre en RD Congo. Le deuxième et dernier mandat constitutionnel du président Kabila a pris fin le 20 décembre 2016.

Avec AFP