Le cerveau des attentats de Djerba en 2002, l'islamiste allemand Christian Ganczarski, a agressé et blessé, jeudi, trois surveillants de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), qui doit bientôt accueillir Salah Abdeslam.
Les faits se sont produits, jeudi 11 janvier vers 16 heures, à l'ouverture de sa cellule. L'islamiste de 51 ans a agressé trois agents à l'aide d'un ciseau à bout rond et d'un couteau de cantine, selon des sources pénitentiaires. Actuellement en fin de peine, Christian Ganczarski s'était fait notifier une demande d'extradition vers les États-Unis.
"L'agresseur a crié 'Allah Akbar' à chaque fois qu'il mettait des coups de lame aux collègues", a détaillé un représentant du syndicat UFAP-UNSA. Quatre agents ont tenté de le maîtriser et trois ont été blessés, au cou, au bras et au cuir chevelu. En fin de journée, tous étaient sortis de l'hôpital, selon une source proche du dossier.
"Il y avait une volonté d'agresser pour différer ou mettre en difficulté" sa possible extradition, a précisé Alain Jégo, directeur interrégional des services pénitentiaires.
"On savait qu'il passerait à l'acte"
"On savait qu'il passerait à l'acte, des écoutes le laissaient transparaître. Il a été mis à l'isolement vendredi soir, avec une protection totale (des surveillants) comme les CRS lors des manifs, et bizarrement le lundi, la direction a levé ces mesures et il a pu faire ce qu'il a fait", a dénoncé à l'AFP Grégory Strzempek, délégué syndical Ufap-Unsa Justice.
Peu après l'agression, la section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête pour tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.
Christian Ganczarski avait été condamné en 2009 à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises spéciale de Paris, pour complicité dans l'attentat de la synagogue de Djerba, en Tunisie, en avril 2002, qui avait fait 21 morts dont plusieurs français. Il était considéré comme l'organisateur.
Ganczarski est également ancien responsable de la maintenance et du cryptage des réseaux de communication d'Al-Qaïda et a vécu aux côtés de Ben Laden en Afghanistan. D'après François Forget, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice, il avait été informé "qu'il risquait d'être extradé vers les États-Unis dans le cadre de l'enquête sur le 11-Septembre (2001)".
Mouvement de débrayage vendredi
Le centre de Vendin-le-Vieil, à une trentaine de kilomètres au sud de Lille, a été inauguré en mars 2015 et abrite actuellement 100 détenus. Début février, cette prison doit accueillir Salah Abdeslam le temps de son procès à Bruxelles pour une fusillade commise dans la capitale belge en mars 2016 pendant sa cavale. Abdeslam est l'unique survivant des commandos jihadistes auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, qui ont fait 130 morts.
En janvier 2017, un détenu de Vendin-le-Vieil y avait été tué par un autre prisonnier. Le suicide d'un détenu par pendaison s'y était produit à la mi-novembre 2016, ainsi que deux prises d'otages, en juillet 2016 et en septembre 2015, qui n'avaient pas fait de victime. "En trois ans on a eu ce que d'autres prisons ont en 20 ans. Il y a un problème" à Vendin, a estimé M. Strzempek, précisant qu'il y aurait un mouvement de débrayage au niveau national vendredi à 6h45.
Une agression commise par un détenu radicalisé avait aussi eu lieu en septembre 2016 à Osny (Val d'Oise). Un détenu marocain de 24 ans avait attaqué et tenté de tuer à l'arme blanche deux surveillants, revendiquant son geste au nom de Daech, dans ce qui était apparu comme la première action jihadiste en prison.
Avec AFP