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Accusé de "violations des droits fondamentaux", Samsung visé par une plainte

Deux ONG portent plainte contre Samsung pour pratiques commerciales trompeuses : malgré la politique responsable affichée par l'entreprise, elles dénoncent des "violations de droits fondamentaux" dans les usines chinoises du géant sud-coréen.

Samsung est dans le viseur de deux associations. Les ONG Sherpa et Peuples solidaires ont annoncé, jeudi 11 janvier, avoir déposé une plainte devant le tribunal de grande instance de Paris contre le géant de l’électronique sud-coréen et sa filiale française pour "pratiques commerciales trompeuses".

Les deux ONG dénoncent des violations de "droits fondamentaux" dans les usines chinoises de la firme et plus particulièrement chez l’un de ses sous-traitants, l’entreprise HEG. Des accusations qui mettent à mal l'image d'entreprise responsable que Samsung met en avant, en publiant sur son site internet des engagements éthiques ambitieux, et en assurant respecter les droits des travailleurs sur toute la chaîne de production. La société affirme même avoir "l’objectif de devenir l’une des entreprises les plus éthiques au monde".

"Samsung gagne des millions en mettant en avant une politique éthique mais il existe un écart inacceptable entre l’image que Samsung se donne et la réalité. Nous portons plainte pour sanctionner cet écart", explique pour sa part à France 24 Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux à Sherpa.

Les enfants ouvriers

Sherpa et Peuples solidaires avaient déjà déposé une première plainte en 2013 contre la seule filiale française, mais celle-ci avait été classée sans suite. Les deux ONG affirment aujourd'hui verser de nouveaux éléments au dossier démontrant le recours au travail des enfants, ainsi que des conditions de travail et d’hébergement indignes pour les salariés chinois du géant des smartphones.

Pour étayer leurs allégations, Sherpa et Peuples solidaires s’appuient sur plusieurs rapports fournis par une ONG américaine China Labor Watch (CLW), qui s’est infiltrée à diverses reprises dans les usines de HEG depuis 2012. Si CLW note des améliorations notables par rapport à 2014 et un meilleur "contrôle à l'embauche", "des enfants de 16 et 17 ans continuent de travailler dans les usines de HEG, sans prise de disposition particulière pour eux. Ils travaillent dans les mêmes conditions que les adultes et dans les mêmes amplitudes horaires (10 heures par jour, 6 jours sur 7)", peut-on lire dans le dernier rapport de China Labor Watch, publié en novembre 2015.

Ce n’est pas la première fois que Samsung se fait épingler pour des faits similaires par China Labor Watch. Depuis 2013, l’ONG a affirmé, par trois fois, que des fournisseurs chinois du constructeur faisaient appel à des "enfants ouvriers", notamment aux périodes les plus chargées, avant les lancements de nouveaux produits.

Transparence pour le consommateur

Pour Sherpa, qui défend les victimes de crimes économiques, cette plainte vise également à protéger le consommateur "pour qu’il ne soit plus, malgré lui, responsable de violations graves des droits fondamentaux des travailleurs sur la chaîne de production", poursuit Marie-Laure Guislain.

Alors que les multinationales utilisent la carte "éthique" comme argument de vente, les consommateurs n’ont aucun moyen d’action actuellement – si ce n’est le boycott – face au non-respect de ces engagements. "La reconnaissance du délit de pratiques commerciales trompeuses permettrait de rétablir ce rapport de force déséquilibré", espère Marie-Laure Guislain.

En juillet 2014, Samsung avait suspendu temporairement sa collaboration avec un fournisseur chinois accusé de faire travailler des mineurs de moins de 16 ans. Le constructeur sud-coréen affirmait alors afficher une "tolérance zéro" à l'égard du travail des enfants.