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2018, année du recentrage politique pour Emmanuel Macron ?

Le gouvernement fait sa rentrée, mercredi à l'Élysée, avec un conseil des ministres suivi d'un séminaire consacré aux chantiers prioritaires du début de l'année. Emmanuel Macron et Édouard Philippe rappelleront leurs objectifs à chacun des ministres.

Emmanuel Macron a prévenu les Français lors de ses vœux : c’est "avec la même force et le même rythme" que "les transformations profondes" vont se poursuivre en 2018. Le président de la République, qui n’a de cesse de rappeler son envie de continuer à réformer la France, réunit son Premier ministre et ses ministres, mercredi 3 janvier, pour un séminaire dont le but sera d’organiser l’action gouvernementale des prochaines semaines, avec un maître-mot : rassembler les Français.

Après sept premiers mois au pouvoir durant lesquels il s’est vu affubler de l’étiquette de "président des riches", le chef de l’État souhaite, en effet, faire de la "cohésion" du pays son leitmotiv pour l’année à venir. "Nous avons besoin de repenser un grand projet social pour notre pays, que je déploierai durant l'année", a-t-il affirmé dimanche soir.

La "flexibilité" et la "libération" de l’économie française ayant été mises en œuvre grâce à la modification du Code du travail et au vote du budget 2018, Emmanuel Macron compte maintenant s’attaquer au volet "protections" de son programme présidentiel.

Les réformes de l’assurance-chômage, de la formation et de l’apprentissage, toutes trois au stade de la concertation avec les partenaires sociaux, marqueront ainsi le premier semestre 2018. Le président attend beaucoup de ces trois réformes pour signer un recentrage politique et mettre l’accent sur la fraternité. Un investissement conséquent de 15 milliards d’euros sur l’ensemble du quinquennat sera notamment consenti pour former, durant six à neuf mois, deux millions de chômeurs à faible qualification et jeunes "décrocheurs".

L'exécutif espère surtout que les premiers résultats de sa politique seront visibles en 2018. Tous les signaux sont en tout cas au vert : avec une cote de popularité qui est repassée au-dessus des 50 %, une croissance soutenue, un chômage en baisse, un moral des ménages en hausse et une opposition politique toujours aphone, Emmanuel Macron semble avoir les coudées franches pour appliquer son programme.

Décision attendue sur Notre-Dame-des-Landes

Le gouvernement aura toutefois des rendez-vous périlleux à négocier en ce début d’année. À commencer par une décision, attendue avant la fin du mois de janvier, sur la construction ou non de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes.

"On réfléchit toujours sur la façon dont les choses doivent se passer", a indiqué, mardi 2 janvier, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, sur Europe 1. Mais on sera peut-être "obligé à un moment donné d'employer la force" pour évacuer le site, partiellement occupé par des opposants à l'aéroport, a-t-il averti.

L'exécutif devra aussi se prononcer en janvier sur un autre sujet controversé : l'abaissement de la vitesse maximale à 80 km/h au lieu de 90 km/h sur les routes nationales et départementales. La Sécurité routière estime à plus de 200 le nombre de vies sauvées par an grâce à cette mesure, dénoncée avec force par les associations d'automobilistes qui y voient surtout un moyen pour l'État de "remplir ses caisses" avec l'augmentation du nombre de conducteurs "flashés".

Le débat s'annonce également épineux sur le projet de loi sur l'immigration et le droit d'asile, prévu en février, qui devra respecter une "ligne d'humanité et d'efficacité", selon Emmanuel Macron.

Enfin, parmi les autres réformes prévues en 2018, figurent celles de l'État, présentée comme "une priorité", et de la Constitution qui vise à supprimer la Cour de justice de la République et à réduire d'un tiers le nombre de parlementaires.