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Le pape plaide la cause des migrants et appelle à la paix pour Jérusalem

Le pape a dénoncé, dimanche lors de la messe de Noël, le drame des migrants, souvent "expulsés de leurs terres" par des dirigeants prêts à "verser du sang innocent". Il a appelé, ce lundi, à "la paix pour Jérusalem et pour toute la Terre Sainte".

"Personne ne doit sentir qu'il n'a pas sa place sur cette Terre", a estimé dimanche le pape François dans sa traditionnelle homélie de la veillée de Noël, la célébration pour les chrétiens de la nuit de naissance de Jésus de Nazareth. Depuis la basilique Saint-Pierre de Rome, il a demandé aux 1,3 milliard de catholiques de la planète à faire preuve d'"hospitalité" et de ne pas ignorer le drame des migrants souvent "expulsés de leurs terres" par des dirigeants prêts à "verser du sang innocent".

"Dans les pas de Joseph et de Marie, se cachent de nombreux pas, nous voyons les traces de familles entières qui, aujourd'hui, se voient obligées de partir, a souligné le pape, devant une dizaine de milliers de fidèles. Dans beaucoup de cas, ce départ est chargé d'espérance, chargé d'avenir; dans beaucoup d'autres, ce départ a un seul nom : la survie. Survivre aux Hérode de l'heure qui, pour imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses, n'ont aucun problème à verser du sang innocent". Hérode, le roi de Judée, avait fait rechercher Jésus pour le mettre à mort, selon la tradition chrétienne.

L'Argentin Jorge Bergoglio, petit-fils de migrants italiens, a fait du sort des réfugiés l'un des thèmes fondamentaux de son pontificat entamé voici près de cinq ans. L'évêque de Rome, qui a récemment appelé au "respect du statu quo" à Jérusalem, a adressé lundi son cinquième message de Noël "Urbi et orbi" ("à la ville et au monde"), à la tonalité plus politique.

Il a notamment placé au coeur de son discours les enfants qui souffrent au Moyen-Orient et dans le monde, et appelé à "la paix pour Jérusalem et pour toute la Terre Sainte". Depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, avant la traditionnelle bénédiction "Urbi et orbi" ("à la ville et au monde"), il a espéré "qu'une reprise du dialogue l'emporte" pour "parvenir à une solution négociée qui permette la coexistence pacifique de deux États".

Après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître la Ville sainte comme capitale d'Israël, le pape avait déjà récemment appelé au "respect du statu quo" à Jérusalem, en conformité avec les résolutions des Nations unies.

L'annonce américaine faite le 6 décembre a provoqué des manifestations quasi quotidiennes dans les Territoires, et terni la fête de Noël pour les chrétiens palestiniens.

"Jérusalem est notre mère"

Sans surprise, la messe de minuit dans l'antique Bethléem, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, n'a pas échappé aux tensions du moment. Pierbattista Pizzaballa, haut dignitaire catholique romain du Proche-Orient qui a célébré la messe, a exhorté au courage les chrétiens, "préoccupés et peut-être épouvantés de la diminution de (leur) nombre" dans une région en plein tumulte.

Faisant, lui aussi, référence à l'ancien roi de Judée, il a fustigé les guerres menées par "les Hérode d'aujourd'hui pour devenir plus grands, occuper plus d'espace". Pierbattista Pizzaballa s'est écarté de son discours prévu pour évoquer la décision unilatérale de Donald Trump, qui a assisté dimanche en compagnie de sa femme Melania à un service de Noël dimanche soir en Floride, de reconnaître Jérusalem capitale d'Israël.

Mgr Pizzaballa a insisté: "Jérusalem est une cité de paix, il ne peut y avoir de paix si l'un est exclu", a-t-il dit en réitérant le principe que Jérusalem doit être une ville pour deux peuples et trois religions.

"Jérusalem est notre mère" et si la mère perd un de ses enfants, elle "ne peut trouver la paix, alors prions pour Jérusalem", a-t-il dit dans son homélie, prononcée en présence du président palestinien Mahmoud Abbas.

Sur la place de la Mangeoire à Bethléem, l'ambiance était morose, malgré les chants de Noël diffusés par hauts-parleurs. Quelques centaines de Palestiniens et de touristes étrangers ont bravé un vent froid près de l'église de la Nativité érigée sur le site où, selon la tradition, Marie donna naissance à Jésus, pour regarder un défilé de scouts.

Des chants de Noël résonnent à Mossoul

Dans un communiqué, le président palestinien a appelé "les chrétiens du monde à écouter les (...) voix des chrétiens de Terre sainte qui rejettent catégoriquement la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël".

En Syrie et en Irak, deux pays d'où l’organisation jihadiste État islamique (EI) a été chassée en 2017 de la quasi-totalité des territoires qu'elle avait conquis, des minorités chrétiennes ont pu renouer avec les célébrations de Noël.

C'est le cas à Mossoul, deuxième ville d'Irak, reprise à l'EI en juillet. Même si seule une petite partie des chrétiens de cette cité est revenue, des chants de Noël ont de nouveau résonné dimanche dans l'église Saint-Paul où des tentures rouges et blanches cachaient en partie les stigmates de la guerre.

En Syrie, dans l'autre ex-bastion de l'EI, Raqqa, repris en octobre, il faudra encore attendre avant de retrouver l'esprit de Noël : deux églises historiques ont bien été déminées, mais les habitants ne sont pas encore revenus. À Damas, les rues des quartiers en majorité chrétiens, tels Bab Touma, ont été décorées de sapins miniatures ornés de paillettes dorées ou argentées.

Avec AFP