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Le candidat Poutine entame sa campagne présidentielle par un grand oral médiatique

Le président Vladimir Poutine tient, jeudi, sa grande conférence de presse annuelle, organisée quelques jours après l'annonce de sa candidature à un quatrième mandat présidentiel.

Quelques jours à peine après l'annonce de sa candidature à un quatrième mandat présidentiel, Vladimir Poutine tient, jeudi 14 décembre, sa traditionnelle conférence de presse marathon de fin d'année, organisée à Moscou. Un scrutin qu'il devrait, sauf énorme surprise, remporter en mars prochain.

Faisant face à plus de 1 640 journalistes locaux et étrangers, le président russe est l’unique vedette de ce show médiatique qui va s’étirer sur plusieurs heures. Traditionellement, il va englober des questions traitant aussi bien de politique étrangère, que de l'état des routes de la fédération, voire même de la vie privée du maître du Kremlin.

Un candidat "indépendant"

Interrogé dès l'ouverture de son grand oral sur la faiblesse de l’opposition russe, Vladimir Poutine a ironisé : "Ce n'est pas à moi de les éduquer". "Je pense que le système politique, comme économique, doit être concurrentiel, et je vais faire en sorte de favoriser cela", a-t-il ajouté, avant d'expliquer l’impuissance de ses opposants par les succès de sa politique économique.

"Ce qui est important, ce n'est pas seulement de faire du bruit sur les places publiques et de critiquer le pouvoir mais de faire des propositions pour améliorer les choses", a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine a ensuite expliqué qu'il se présenterait en candidat "indépendant", affirmant compter sur "un large soutien des citoyens", et pas seulement sur sa formation Russie unie. Le dernier sondage du centre indépendant Levada, publié mercredi, le place d'ores et déjà en tête avec 75 % d'intentions de vote. Celui qui s'est imposé comme son opposant numéro un, le libéral Alexeï Navalny, ne devrait pas pouvoir se présenter, en raison de condamnations judiciaires qu'il dénonce comme politiques.

Le président russe s'est posé en seul garant de la stabilité face à une opposition marginalisée et accusée de vouloir plonger la Russie dans le chaos.

"Le pouvoir n'a peur de personne"

Vladimir Poutine a été interpellé par la candidate libérale Ksenia Sobtchak, accréditée en tant que journaliste de la chaîne indépendante Dojd.

Elle l'a interrogé sur les entraves rencontrées par le principal opposant Alexeï Navalny, et les assassinats de personnalités critiques du pouvoir.

"Le pouvoir n'a peur de personne", a-t-il répliqué, brandissant le chiffon rouge de l'Ukraine, qui a connu un tournant pro-occidental en 2014 à l'issue du mouvement du Maïdan, et qui est aujourd'hui en proie à un conflit avec des séparatistes prorusses dans l'Est et à une fronde politique menée par l'opposant Mikheïl Saakachvili.

"Vous voulez avoir des dizaines de Saakachvili qui courent sur nos places? (...) Que de tels Saakachvili déstabilisent la situation dans le pays?", a-t-il lancé. "Vous voulez que nous vivions d'un Maïdan à l'autre? Vous voulez que nous ayons des tentatives de coup d'État? (...) Je suis convaincu qu'une majorité de citoyens russes ne le veut pas et ne le permettra pas".

Les accusations d'ingérence russe aux USA "inventées"

Vladimir Poutine a par ailleurs jugé que les accusations d'ingérence russe dans la présidentielle américaine de 2016 avaient été "inventées" par les adversaires de Donald Trump pour le "délégitimer", assurant que les contacts avec des équipes de candidats relevaient de la "pratique habituelle".

"Tout cela a été inventé par des gens qui se trouvent dans l'opposition à Trump pour délégitimer son travail", a déclaré le président russe. Interrogé sur le travail effectué par son homologue américain depuis son élection, Vladimir Poutine a affirmé que seuls "ses électeurs, le peuple américain" pouvait l'évaluer.

"Concernant la politique étrangère, il avait parlé d'améliorer les relations avec la Russie, mais bien sûr, même s'il souhaite le faire, il ne peut pas en ce moment à cause de certaines restrictions, que vous connaissez."

Le président russe a ensuite dit espérer que Moscou et Washington "normaliseront leurs relations dans l'intérêt des peuples russe et américain", notamment pour renforcer la lutte contre "les menaces communes", comme le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, mais aussi "résoudre les crises au Proche-Orient, en Corée du Nord, etc".

Avec AFP