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Le parti du président vénézuélien Nicolas Maduro a largement remporté dimanche les élections municipales, boycottées par les partis d'opposition qui ont été exclus dans la foulée de la présidentielle de 2018.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a revendiqué, dimanche 10 décembre, une large victoire aux élections municipales, boycottées par les principaux partis d'opposition du Venezuela, qui devraient être exclus de la présidentielle de 2018 où il visera un nouveau mandat.

"Nous avons gagné plus de 300 mairies du pays, sur les 335", contre 242 actuellement, a affirmé le dirigeant socialiste lors d'un meeting organisé à Caracas, à l'issue de ce scrutin où la participation a été de 47,32 % selon le Conseil national électoral (CNE).

Peu auparavant, le CNE avait déclaré le chavisme (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013) victorieux dans au moins 20 des 23 capitales régionales. Le parti au pouvoir a aussi remporté le poste de gouverneur de l'État de Zulia (ouest), étant donné que le vainqueur du scrutin régional d'octobre, un membre de l'opposition, a refusé de prêter serment devant l'Assemblée constituante. Cela porte à 19 sur 23 le nombre de régions contrôlées par le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV).

Six mois après une vague de manifestations qui exigeaient son départ et inquiétaient la communauté internationale par leur violence (125 morts), le président Nicolas Maduro semble avoir repris le contrôle de la situation et renforce son hégémonie sur le pays.

Profitant de la situation, il a annoncé, dimanche, que les principaux partis d'opposition seraient exclus de l'élection présidentielle de 2018, en raison de leur boycott du scrutin municipal organisé ce jour.

"Tout parti qui n'a pas participé aujourd'hui et qui a appelé au boycott des élections ne peut plus participer", a-t-il déclaré, affirmant qu'il s'agissait là d'un "critère de l'Assemblée nationale constituante", intégralement composée de partisans du chef de l'État.

"Les politiques me déçoivent"

Craignant des fraudes, les trois principaux partis d'opposition, ceux de Henrique Capriles, Leopoldo Lopez et Henry Ramos Allup, avaient refusé de présenter des candidats aux municipales. Ils se voient désormais privés du scrutin présidentiel, programmé pour décembre 2018 mais qui sera sans doute avancé au premier trimestre, selon nombre d'analystes.

Le vice-président Tareck El Aissami a déjà annoncé que Nicolas Maduro, élu en 2013, briguerait un second mandat l'an prochain, malgré sa faible popularité, dans un contexte de grave crise économique et de réprobation de sa gestion de la crise politique par la communauté internationale. Le Venezuela, géant pétrolier, a été ruiné notamment par la chute des cours du brut.

Après la colère au printemps, l'heure semble être au découragement dans le pays, face à une crise économique qui provoque de graves pénuries d'aliments et de médicaments, ainsi qu'une inflation galopante, attendue à plus de 2 300 % en 2018 par le FMI.

"Je suis allé acheter l'autre jour une banane : elle coûtait le matin 1 900 bolivars, et 3 000 l'après-midi. On ne peut vivre ainsi. Les politiques me déçoivent", témoignait ainsi Victor Torres, chauffeur à Macaraibo (nord-est).

L’opposition divisée

Car c'est aussi l'opposition qui a déçu : deux ans après sa victoire historique aux élections législatives, où elle avait remporté pour la première fois depuis 1999 la majorité au Parlement, elle se déchire entre partisans du dialogue et adeptes d'une ligne plus dure.

La coalition de la Table de l'unité démocratique (MUD) peine à se remettre de sa gifle électorale aux régionales d'octobre, largement remportées par le camp présidentiel malgré les accusations de fraudes.

Les opinions négatives à son égard ont grimpé de 46,1 à 65,7 %, selon un sondage Venebarometro réalisé entre octobre et novembre, pendant que la popularité du président Maduro remontait de 24,4 à 31,1 %.

La MUD constate aussi qu'aucune stratégie – confrontation dans la rue ou négociation – ne semble ébranler le chavisme, qui garde la mainmise sur la quasi-totalité des institutions. Emblème de cette hégémonie : l'Assemblée constituante, aux pouvoirs très étendus, a confisqué ceux du Parlement, unique instance contrôlée par l'opposition.

Les maires élus dimanche devront d'ailleurs, pour pouvoir exercer leur mandat, prêter allégeance devant cette institution rejetée par une grande partie de la communauté internationale.

Avec AFP