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Israël reconnaît avoir utilisé du phosphore blanc

Dans un rapport rendu public jeudi, Israël admet pour la première fois avoir "eu recours à des munitions au phosphore blanc" lors de son offensive sur Gaza lancée en décembre 2008. Mais l'État hébreu nie avoir violé le droit international.

Pour la première fois, Israël admet avoir "eu recours à des munitions contenant du phosphore blanc" durant son offensive à Gaza en décembre et janvier dernier. Mais l’Etat hébreu dément toutefois avoir violé le droit international, assurant ne pas avoir usé de telles armes à l'intérieur de zones d'habitation.

Un rapport rendu public jeudi par le ministère des Affaires étrangères israélien donne raison, au moins en partie, à plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme comme Amnesty international et Human Rights Watch. Cette dernière avait accusé l’Etat hébreu, dans un rapport  publié en mars et basé sur des témoignages de civils palestiniens, d’avoir utilisé des munitions contenant du phosphore blanc explosant au contact de l’air aux abords des zones habitées, contre des bâtiments de l’Unrwa (l’Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés palestiniens) et sur les frontières entre la bande de Gaza et Israël.

Gaza, l’un des territoires les plus denses en population dans le monde

Israël nie ces accusations et affirme avoir utilisé le phosphore blanc uniquement comme écran de fumée. Et se défend ainsi d’avoir transgressé les lois internationales, celles-ci n’interdisant pas l’usage du phosphore blanc dans ce type de cas. Le Traité de Genève de 1980 considère les munitions à base de phosphore blanc comme des "armes incendiaires" mais n’interdit pas leur usage comme écran de fumée ou pour l’éclairage. Néanmoins, le texte stipule que ces armes ne doivent pas être utilisées là où il y a une concentration de civils.

Eyal Alimi, journaliste spécialisé dans les affaires militaires à Radio Israël, se pose des questions sur le contenu publié par le ministère des Affaires étrangères israélien. Gaza est l’un des territoires les plus denses en population dans le monde, avec 4000 habitants par km2. Aussi, le journaliste s’interroge : "Comment, donc, peut-on vraiment être loin des concentrations de civils [comme l’impose le Traité de Genève]" ?

Il ajoute : "Ces lois ont été établies pour des guerres où il y a un vrai champ de bataille, bien déterminé, où il y a une séparation évidente entre les deux fronts belligérants." "Actuellement, ces lois semblent être dépassées. Les guerres sont menées dans les zones habitées, dans les campagnes, dans les maisons", poursuit Eyal Alimi qui insiste sur l’obligation de revoir la compatibilité de certaines lois avec la réalité des guerres modernes.

"Un opération médiatique"

Pour Gil Mihaely, correspondant du quotidien israélien Yedioth Ahronoth à Paris, "le problème qui se pose maintenant, ce sont les techniques de guerres en milieu urbain. Là, il n’y a pas d’uniformes, pas de bases définies, pas de cibles évidentes. Est-ce qu’on capitule ou on fait quelque chose pour tuer les cibles et du coup les civils qui sont avec eux ?".

Le journaliste tient à rappeler que "le nombre de victimes des armes dites légales à Gaza est supérieur à celui des victimes du phosphore blanc". Il dénonce, dans ce cadre, une opération médiatique qui consiste à diaboliser les munitions contenant du phosphore blanc, "peut-être par ce que c’est une arme chimique, donc c’est plus sexy pour les médias".

Selon lui, la communauté internationale a tout interdit à Israël dans sa guerre contre les Palestiniens de Gaza : "Le phosphore parce qu’il peut brûler des civils, la guerre parce qu’il y aura des morts, les barrages sur la route parce que c’est contre la liberté de circulation, l’embargo parce que ce sont des civils qui paieront le prix. On stigmatise tout, on délégitimise tout mais on ne propose pas ce qu’il faut faire face à l’ennemi."

Près de 1 400 Palestiniens, dont de nombreux civils, et 13 Israéliens ont péri durant l’offensive.