Alors que Londres et Bruxelles tentent lundi de boucler un accord sur le règlement financier du Brexit, Britanniques et Européens doivent également régler la question du sort des expatriés et celle de la frontière avec l'Irlande.
L’heure de vérité a sonné. Une séquence décisive s'ouvre lundi 4 décembre à Bruxelles, au cours de laquelle Theresa May va tenter de convaincre les Européens que ses promesses sont désormais "suffisantes" pour qu'ils acceptent d'ouvrir le volet des discussions commerciales sur le Brexit, réclamées avec insistance par Londres.
Deadline fixée au 4 décembre
La Première ministre britannique a rendez-vous avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour un "déjeuner de travail" crucial, censé finaliser un accord de principe sur les modalités du divorce, programmé fin mars 2019. Elle rencontrera aussi le président du Conseil européen Donald Tusk, selon Downing Street. "Avec plein de discussions encore à venir, lundi sera une étape importante sur la route du Conseil [européen, NDLR] crucial de décembre", a jugé dimanche soir un porte-parole britannique, en précisant que des négociations avaient eu lieu pendant le week-end entre les deux parties.
Le Royaume-Uni est impatient d'ouvrir ce nouveau chapitre crucial pour son avenir, mais les Européens exigent d'avoir au préalable des engagements gravés dans le marbre sur les modalités de la rupture.
En cas de feu vert des 27, ces discussions commerciales et sur la transition souhaitée par le Royaume-Uni après le Brexit, pourraient commencer dès début janvier. Dans le cas contraire, la perspective serait reportée "à février ou mars", selon une source diplomatique. La "date limite absolue" pour l'offre britannique a été fixée au 4 décembre en raison des contraintes propres à la machine européenne.
Ces derniers jours, plusieurs médias ont affirmé que Londres et Bruxelles avaient bouclé leur accord sur le règlement financier du divorce, pour une somme comprise entre 45 et 55 milliards d'euros, censée solder tous les engagements pris par le Royaume-Uni dans l'UE.
L'information a été démentie par les deux parties, mais Londres a "présenté des propositions très proches des exigences des 27 États membres", a toutefois reconnu le commissaire européen Phil Hogan.
"Mais plus qu'accord chiffré, les discussions doivent davantage porter sur une méthologie de calcul qui doit conduire à un montant", explique Pierre Benazet, correspondant de France 24 à Bruxelles.
Le sort des expatriés et de la frontière irlandaise en suspens
Outre le règlement financier de la séparation, les négociations doivent permettre de régler deux autres épineuses questions : celle des citoyens expatriés et celle de la frontière irlandaise, qui semble être devenue ces dernières semaines le dossier la plus complexe.
Dublin, avec le soutien des 27, a en effet demandé des engagements plus clairs de Londres pour éviter le retour d'une frontière physique avec la province britannique d'Irlande du Nord.
La réapparition de postes-frontières affaiblirait ces deux économies imbriquées et fragiliserait l'accord de paix de 1998 ayant mis fin à trente années d'un conflit intercommunautaire sanglant (3 500 morts), fait valoir le gouvernement irlandais.
"Si l'offre britannique est inacceptable pour l'Irlande, elle le sera aussi pour l'UE", a prévenu vendredi lors d'une visite à Dublin Donald Tusk, qui représente les intérêts des dirigeants des 27.
Le droit des citoyens
Le troisième dossier, celui des droits des citoyens, est lui aussi loin d'être clos, selon le Parlement européen. Les négociations ont "même régressé", selon l'eurodéputé libéral Guy Verhofstadt, référent Brexit au sein de l'hémicycle.
Le Parlement réclame notamment des garanties sur le rôle de la Cour de justice de l'UE (CJUE) pour garantir les droits des Européens sur le sol britannique après le Brexit.
Jean-Claude Juncker et Michel Barnier recevront à ce sujet une délégation d'eurodéputés en fin de matinée lundi, juste avant le déjeuner avec Theresa May, a indiqué la Commission.
Avec AFP