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"Le 'show' africain d'Emmanuel Macron"

Au menu de cette revue de presse française, mercredi 29 novembre, les réactions au "grand oral" africain d’Emmanuel Macron et son art de "brouiller les cartes". Et un prix d’humour décerné à son prédécesseur, François Hollande, dit aussi "Monsieur Petites Blagues".

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À la une de la presse française, les réactions au discours d’Emmanuel Macron, hier, à Ouagadougou. Devant 800 étudiants burkinabè, le président a promis de nouvelles relations avec l’Afrique.

Très attendue, cette intervention est largement commentée par la presse française. La Croix est sensible au "pari de la jeunesse", d’Emmanuel Macron et à sa dénonciation des "crimes de la colonisation européenne". Le journal estime que c’est en effet "en considérant les fautes et les crimes qu’il sera possible de mettre, aussi, en valeur le versant positif de la rencontre entre l’Europe et l’Afrique". "Ces deux continents ne peuvent s’ignorer mutuellement. De leur capacité de coopération dépend pour une bonne part la construction d’un monde de paix", écrit la Croix. "On ne peut construire l’avenir sur l’enfouissement du passé".

Emmanuel Macron a assuré qu’il n’existait plus de "politique africaine de la France". Finie la "Françafrique", déclare le président, que le Figaro dit "agacé" par la "pusillanimité" de l’Europe en Afrique. "La France se lasse d’être seule au front", assure le journal, en prévenant Emmanuel Macron qu’il aura "fort à faire pour secouer le poids des habitudes", "celles des Européens, d’abord, douillettement retranchés derrière les lignes françaises", et celles des milieux économiques et militaires français : "dans le premier cas, certaines logiques de réseaux ont la vie dure. Dans le second, c’est la réalité du terrain qui domine", rappelle le journal.

Emmanuel Macron a-t-il convaincu? Oui, à en croire le Monde, qui juge que le président, "habile orateur", a "charmé" les étudiants de Ouagadougou, et est parvenu à "retourner une audience qui ne lui était pas acquise", en jouant "à plein sur les sentiments, la proximité", mais aussi en s’engageant sur des points précis, comme la déclassification des documents sur l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara couverts par le secret-défense. Abdoulaye Mandé, un étudiant qui a assisté à son discours, évoque un orateur "impeccable, charismatique, éloquent et convaincant". "Maintenant, ajoute-t-il, j’espère qu’il est sincère".

Libération estime aussi que "le président a réussi son grand oral", sur la forme, en tout cas, le "show" présidentiel étant voué, selon Libé, à "entrer dans l’histoire de la communication"   : "en acceptant les questions de la salle, [Emmanuel Macron] a transformé un rituel bien réglé en un show improvisé qui marquera les esprits", prédit le journal – qui considère cependant que "la rupture est moindre sur le fond". "Les spectres ont la vie dure", et "le meilleur moyen d’expulser [la Françafrique], c’est de préciser par quoi elle sera remplacée". "Quelles monnaies solides à la place du franc CFA   ? Quels contrats équitables avec les groupes français   ? Quelle stratégie de lutte antiterroriste   ?". "Pour répondre à ces questions, un show ne suffira pas". L’Humanité accuse Emmanuel Macron de porter "le nouveau masque de la Françafrique". D’après le journal, "ce énième discours sur les 'nouvelles' relations franco-africaines" serait en réalité "une manière d’accréditer des pans entiers de la politique africaine de la France". "Emmanuel Macron avait l’opportunité de poser des actes concrets, il n’ posé que des mots. Ces derniers ne soigneront pas les maux de la Françafrique, qui avance désormais masquée", assène le journal.

C’est d’ailleurs un reproche que lui adresse régulièrement l’opposition, à propos de sa politique intérieure. Six mois après son élection, le Figaro ne peut que constater "la décomposition politique" qui se poursuit, à droite comme à gauche. Un chaos que le journal attribue en grande partie à "l’art" d’Emmanuel Macron de "brouiller les cartes", l’accusant d’entretenir volontairement la confusion. Une stratégie qui n’affolerait toutefois ni les Républicains ni les socialistes, d’après le journal, qui explique que l’opposition partage cette analyse commune : que l’élection d’Emmanuel Macron est "un épiphénomène qui, une fois passé, laissera place au clivage traditionnel de la vie politique français". Ce serait, notamment, l’avis de François Hollande, qui ne jurerait que par "la persistance de ce clivage historique" – l’idée étant de "camper fermement sur ses positions en attendant des vents plus favorables".

François Hollande, qui s’est vu décerner hier le prix de l’humour politique 2017. La consécration pour celui que ses détracteurs ont surnommé "M. Petites blagues", attribuée par le Press Club de France – qui aurait notamment beaucoup apprécié sa déclaration "Aujourd’hui, je suis à deux doigts d’être aimé". Personnellement, je partage l’avis des internautes, qui ont récompensé la tirade du centriste Jean-Christophe Lagarde : "La moitié de nos électeurs sont passés chez Macron, et je crois que l’autre est déjà en marche". Lu dans le Parisien.

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