Si la monnaie est virtuelle, le désastre écologique, lui, est bien réel.
Le bitcoin est la crypto-monnaie la plus populaire, mais aussi une devise particulièrement énergivore.
Pour répondre à des enjeux de développement technologique tout en respectant la planète, il est urgent de sortir de l'illusion de l'immatérialité des produits numériques.
Un succès qui pose des questions
On entend parfois que l'industrie du bitcoin utiliserait actuellement à peu près l'équivalent de la consommation électrique de l'Irlande. C'est sans compter que, depuis 2017, la valeur du bitcoin a été multipliée par 10. Face à cette frénésie, de plus en plus d'internautes décident de se constituer un portefeuille de crypto-monnaies. Aujourd'hui, la valorisation totale du bitcoin a récemment dépassé les 150 milliards de dollars.
"La consommation d’énergie du bitcoin représenterait 8 fois la consommation électrique de la France"
Or, la généralisation du bitcoin pose de véritables défis énergétiques. "Imaginons que les monnaies de type bitcoin se généralisent. La masse monétaire mondiale en circulation aujourd’hui est estimée à 11 000 milliards de dollars. La consommation d’énergie correspondante devrait donc s’élever à plus de 4 000 GW, soit 8 fois la consommation électrique de la France, et deux fois celle des États-Unis", alertent Fabrice Flipo et Michel Berne, de l’Institut Mines – Télécom, dans un article publié sur The Conversation en 2016.
Des fermes de minage
Véritable tournant dans la finance internationale, le bitcoin présente des besoins considérables en électricité, et génère des émissions de gaz à effet de serre alarmants. Pour comprendre cela, il faut avoir en tête que la crypto-monnaie fonctionne sur la base d'un "mécanisme de validation distribuée" de type blockchain. En gros, pour être authentifiée, la devise est légitimée par une chaîne de vérification décentralisée. C'est ce qui fait la force de cette monnaie : elle est apolitique et sa valeur n'est pas corruptible.
Problème : là où le bitcoin était relativement inoffensif à ses débuts, lorsqu'il était simplement émis depuis des ordinateurs, il est aujourd'hui polluant en tant que système de paiement globalisé. Depuis quelques années, des "fermes de minage" ont ouvert, notamment en Chine : il s'agit de lieux dédiés au bitcoin, où tournent des centaines de machines.
L'émergence de ces fermes change également le processus de création, puisqu'elle amène une compétition qui n'existait pas jusqu'alors entre les "mineurs". Il y a désormais ceux qui disposent d'un simple ordinateur, et les autres, qui ont su investir dans des machines plus complexes et donc plus coûteuses.
Même s'il est impossible de livrer un bilan précis de son bilan carbone, puisque pour le savoir il faudrait savoir avec quelle machine (et donc avec quelle énergie produite) exactement chaque mineur travaille, les estimations sont préoccupantes : à elle seule, une transaction de bitcoin consommerait l'équivalent énergétique de 8 foyers américains par jour.
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