
Comme d'autres fictions avant elle, la dernière série Marvel de Netlfix, "The Punisher", accorde une place prépondérante au stress post-traumatique.
Une femme amoureuse, un homme cagoulé, un coup de feu et un réveil en panique. Frank Castle, alias "The Punisher" dans la nouvelle série Marvel de Netflix, revit chaque nuit le moment où sa femme et ses enfants ont été assassinés devant lui. Ce cauchemar sans fin est une des conséquences de l’état de stress post-traumatique (ESPT) dont il est victime.
"Cette pathologie se caractérise par des reviviscences nocturnes de l’événement traumatisant, l’évitement du sujet et une forte irritabilité”, explique le psychiatre Dan Véléa, spécialiste de l’ESPT à Mashable FR. Le "Post-Traumatic Stress Disorder" (PTSD) – en anglais – apparaît après avoir commis, subi ou assisté à des actes violents.
Un stress mortel
D’abord appelé "névrose de guerre" au début du XXe siècle, ce trouble a hérité de son nom actuel quelques années après la fin du conflit vietnamien en 1975. Le travail effectué par des psychiatres sur des vétérans de guerre a permis cette dénomination. Chaque année aux États-Unis, environ 20 militaires américains se suicident, selon une étude publiée en octobre par le journal World Psychiatry. Et l’ESPT serait une des causes de cette mortalité. En France, 765 soldats sont atteints par ce syndrome.
Du héros de la série à ses anciens camarades en passant par un hacker peureux, presque tous les personnages de "The Punisher" sont sujets aux symptômes de l’ESPT. "On ne peut pas raconter l’histoire de Frank, un ancien militaire en quête de vengeance, sans s’attarder sur cette problématique", raconte à Mashable FR Steve Lightfoot, le showrunner de "The Punisher". L'acteur Jon Bernthal, qui incarne Frank Castle, a déjà eu l’occasion de jouer des personnages souffrants d’un mal similaire au stress post-traumatique, comme Shane dans “The Walking Dead”. Il confesse : "Pour mes rôles, je rencontre des soldats, des gens qui me racontent leurs sacrifices incroyables et leurs pertes. C’est une chose que je respecte et chéris de tout mon cœur".
Et la série n'oublie pas de préciser que l'ESPT peut se développer ailleurs qu'à la guerre. "Le plus grand traumatisme vécu par Frank s'est produit chez lui, pas au combat", ajoute Jon Bernthal.
"Rambo", une victime de l'ESPT
Aux États-Unis, le stress post-traumatique s’est principalement fait connaître grâce à sa représentation dans les fictions. Tout a commencé après la guerre du Vietnam avec la sortie de "Taxi Driver" en 1976. Le film de Martin Scorsese est une plongée dans le psychisme d’un ancien militaire interprété par Robert De Niro. Le personnage subit toutes les conséquences de l’ESPT : violence, isolation sociale, insomnie
Le public américain a ensuite vu débarquer des films comme "Apocalypse Now", "Voyage au bout de l’enfer" ou "Full Metal Jacket". Ici, exit l’armée invincible et forte que l’on pouvait voir dans "Les Bérets Verts" de John Wayne. Ces longs-métrages ont montré des soldats en souffrance mentale, aussi bien sur le front que chez eux. "Rambo, par exemple, est une victime d’ESPT. À son retour, il est traumatisé et tout le monde lui tourne le dos. Il finit par péter les plombs", analyse le psychiatre Dan Véléa.
Sensibiliser le grand public par la fiction
Les séries se sont aussi emparées de cette problématique. "Homeland" en a même fait un de ses principaux sujets, d’abord avec les personnages de Nicholas Brody (Damian Lewis) puis avec Peter Quinn (Ruper Friend). Sans oublier l'exemple majeur qu'est "Grey’s Anatomy". La série médicale de Shonda Rhimes a consacré de nombreux épisodes à l'ESPT par le biais de ses protagonistes. Le docteur Owen Hunt, un médecin militaire, est hanté par le souvenir de ses camarades morts au combat. Et pour lui aussi, les nuits sont toutes les mêmes : un cauchemar, la guerre, la mort puis l’éveil.
En France, les scénaristes ne s’intéressent pas beaucoup au stress post-traumatique, même si "Le Bureau des Légendes" compte dans sa saison 3 un personnage atteint par la pathologie. Pourtant "c’est le meilleur moyen de sensibiliser le grand public", insiste Dan Véléa. À condition bien-sûr de ne pas en donner une représentation caricaturale.
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