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Au Zimbabwe, de plus en plus de voix exigent le départ du président Mugabe

Au pouvoir depuis 37 ans, Robert Mugabe, assigné à résidence par l'armée, est de plus en plus isolé. Après les anciens combattants, l'opposition et la société civile, l'écrasante majorité des sections de son parti réclame sa démission.

Huit des dix sections régionales de la Zanu-PF, le parti au pouvoir au Zimbabwe, ont exigé, vendredi 17 novembre, la démission du président Robert Mugabe, selon leurs responsables qui sont apparus à la télévision d'État dans la soirée.

Au Zimbabwe, de plus en plus de voix exigent le départ du président Mugabe

Cet appel à quitter le pouvoir accentue un peu plus la pression sur le dirigeant, après celui des anciens combattants de la guerre d'indépendance, jusqu'alors proches du chef de l'État, mais qui n'acceptent pas que son épouse Grace Mugabe veuille s'imposer pour lui succéder. "La partie est finie (...), il doit démissionner", a ainsi déclaré son influent chef, Christopher Mutsvangwa.

Les principales voix de l'opposition et de la société civile ont elles aussi exigé le départ de Robert Mugabe, l'ouverture d'une période de transition et la tenue rapide d'élections.

Au Zimbabwe, de plus en plus de voix exigent le départ du président Mugabe

Tous appellent à un grand rassemblement, samedi, dans les rues de la capitale Harare pour contraindre au départ le dirigeant qui s'accroche au pouvoir depuis 1980.

En principe assigné à résidence par l'armée, Robert Mugabe est apparu en public vendredi pour la première fois depuis le coup de forces des militaires dans la nuit du 14 au 15 novembre. Le chef de l'État, qui est âgé de 93 ans, s'est rendu dans une université de la capitale pour inaugurer une cérémonie de remise de diplômes.

L'armée du Zimbabwe négocie avec le vieux président pour une transmission en douceur du pouvoir à Emmerson Mnangagwa, ex-vice-président limogé le 6 novembre. Mais, pour l’heure, le chef de l’État refuse toujours de démissionner.

"Il y a encore énormément d'incertitudes au Zimbabwe", rapporte à France 24 la journaliste Patricia Huon. La voie de la négociation semble toujours privilégiée par les militaires qui ont pris le pouvoir. Mais ce qui est sûr, c'est que Robert Mugabe, au pouvoir depuis 37 ans, n'a pas dit son dernier mot et ne va pas leur faciliter la tâche."

L'armée a cependant annoncé avoir arrêté plusieurs proches de Robert Mugabe. "Nous souhaitons informer la nation que des progrès significatifs ont été réalisés dans le cadre de notre opération. Nous avons mis la main sur plusieurs des criminels, tandis que d'autres sont toujours en fuite", a-t-elle  indiqué dans un communiqué publié dans le journal d'État, The Herald.

Selon l’AFP, citant des sources au sein de son entourage, l'ancien vice-président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, dont l'éviction a provoqué le coup de force de l'armée, serait quant à lui rentré jeudi au Zimbabwe. "Oui, il est de retour", a rapporté sous couvert de l'anonymat une source proche de l’ex-numéro deux de l’exécutif. "Aucune déclaration officielle de Mnangagwa n'a été faite", précise cependant Patricia Huon.

Emmerson Mnangagwa avait fui le Zimbabwe dans la foulée de son éviction, mais avait promis de défier le président Mugabe et son épouse Grace, sa rivale pour la succession à la fonction suprême.

Son nom revient désormais avec insistance pour diriger la transition politique qui s'annonce, si Robert Mugabe accepte de rendre les clés du pays. Ce scénario constituerait un aboutissement pour ce fidèle serviteur du régime, aux rêves de pouvoir longtemps contrariés.

Dès l'indépendance du Zimbabwe en 1980, Robert Mugabe a mis Emmerson Mnangagwa sur orbite en lui confiant d'importants postes ministériels, à la Défense et aux Finances, notamment.

En 2004, il avait été victime une première fois de son ambition. Accusé d'intriguer pour le poste de vice-président, il avait perdu son poste de secrétaire à l'administration de la Zanu-PF au bénéfice de sa rivale Joice Mujuru.

Ce n'est finalement qu'en 2014 qu'il avait accédé à la vice-présidence, lorsque Joice Mujuru fut victime de la campagne de dénigrement orchestrée par Grace Mugabe.

Avec AFP