Une perquisition s'est déroulée mardi au siège de Lafarge, à Paris, dans le cadre d'une équipe d'enquête franco-belge sur des soupçons de financements indirects de groupes jihadistes en Syrie, dont l'organisation État islamique.
L’enquête franco-belge sur le possible financement indirect par le cimentier Lafarge de groupes jihadistes en Syrie, dont le groupe État islamique (EI), se poursuit. Une perquisition était en cours, mardi 14 novembre, au siège de Lafarge à Paris, sa-t-on appris auprès du cimentier. "Les enquêteurs français sont en train de perquisitionner nos locaux", a indiqué une porte-parole de Lafarge à l'AFP, confirmant une information de France Inter. "Nous coopérons pleinement avec les enquêteurs, mais nous ne pouvons faire davantage de commentaires sur cette enquête en cours", a-t-elle ajouté.
De "troubles arrangements"
Les investigations, menées depuis juin par trois juges d'instruction, s'attachent à déterminer si le géant du ciment a transmis de l'argent à certains groupes, notamment l'EI, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya, dans le nord du pays.
Les enquêteurs cherchent aussi à savoir si des responsables du groupe en France avaient eu connaissance de tels accords et du danger qu'ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place.

Le scandale avait été révélé en juin 2016 par une enquête du journal Le Monde qui avait mis en lumière de "troubles arrangements" entre Lafarge Cement Syrie (LCS), branche syrienne du groupe, et l'organisation État islamique, alors que le groupe jihadiste gagnait du terrain et devenait incontournable dans la région.
Deux mois plus tard, le ministère de l'Économie avait déposé une plainte, déclenchant l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ).
"De fausses pièces comptables"
Dans son rapport, dont l'AFP a eu connaissance, le SNDJ conclut que LCS a "effectué des paiements aux groupes jihadistes" pour que la cimenterie continue à fonctionner.
La direction française du groupe Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le Suisse Holcim, "a validé ces remises de fonds en produisant de fausses pièces comptables", ajoute le SNDJ dans ce document.
D'anciens responsables du cimentier ont affirmé que cette volonté de rester coûte que coûte dans le pays en guerre avait reçu l'aval des autorités françaises et l'association anticorruption Sherpa, qui a également porté plainte au nom de onze ex-salariés syriens de la cimenterie, a demandé que l'ancien ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius soit entendu.
À ce jour, les magistrats instructeurs ont auditionné plusieurs ex-employés syriens de l'usine.
Avec AFP