
Alors qu'une grande partie des manifestants arrêtés après la présidentielle du 12 juin s'apprête à sortir de prison, vingt autres seront jugés pour atteinte à la sécurité nationale. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison.
AFP - L'Iran va juger à partir de samedi une vingtaine d'"émeutiers" arrêtés lors des manifestations contre la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, alors que le président ultraconservateur continuait mercredi à être critiqué par son propre camp.
Ces "émeutiers", selon l'agence officielle Irna, sont accusés d'avoir "perturbé l'ordre et la sécurité", "d'avoir des liens avec les hypocrites", l'appellation officielle des Moudjahidine du Peuple, le principal mouvement d'opposition en exil.
Ils sont également accusés "d'attentat à la bombe, de port d'armes à feu et de grenades, d'attaques contre les forces de l'ordre et les miliciens islamistes et d'envoi d'images (des manifestations) pour les médias des ennemis".
Plusieurs centaines de personnes avaient été arrêtées lors des grandes manifestations de protestation contre la réélection du président Ahmadinejad le 12 juin et 200 environ sont toujours détenues, selon un membre d'une commission parlementaire sur le sort des prisonniers.
Le procureur général, Ghorbanali Dori-Najafabadi, cité par l'agence Ilna, a indiqué mercredi qu'une grande partie des manifestants encore détenus seraient libérés d'ici vendredi.
Les autorités ont déjà libéré mardi 140 prisonniers, et le guide suprême a ordonné la fermeture du centre de détention de Kahrizak (sud de Téhéran) où étaient détenus également des manifestants.
Le président Ahmadinejad avait demandé mardi soir dans une lettre au chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Mahmoud Hachémi Chahroudi, la libération, d'ici le 7 août, des manifestants ne faisant pas l'objet de graves accusations.
Après avoir été critiqué par l'opposition qui réclame l'annulation du scrutin du 12 juin, M. Ahmadinejad fait face depuis une semaine à des attaques croissantes du camp ultraconservateur.
L'hebdomadaire ultraconservateur Ya Lessarat lui a demandé de "présenter des excuses au peuple" pour avoir notamment tardé à obéir au guide suprême, Ali Khamenei, qui lui demandait de mettre à l'écart le premier vice-président Esfandiar Rahim Mashaie.
Les conservateurs avaient vivement dénoncé la nomination de M. Rahim Mashaie, qui avait affirmé en 2008 que l'Iran était "l'ami du peuple israélien".
"Nous avons voté pour vous en raison de votre fidélité sans faille au guide suprême, mais nous avons vu des actes de votre part qui remettent cela en question", poursuit le journal, qui critique aussi le limogeage du ministre des Renseignements et le départ du ministre de la Culture, connus "pour leur fidélité au guide".
La presse a en outre publié mercredi une lettre de la Société des ingénieurs islamiques, un important groupe conservateur dirigé par Mohammad Reza Bahonar, vice-président du Parlement, qui rappelle à M. Ahmadinejad que sa victoire provient uniquement de sa fidélité au guide suprême.
"Les amis qui vous ont soutenu, le peuple et tous les conservateurs surveillent attentivement votre comportement avec, en tête, deux choses: la soumission totale au guide suprême et l'efficacité", affirme la Société.
L'Association critique aussi la décision de M. Ahmadinejad d'avoir nommé M. Rahim Mashaie, signe qu'il n'a pas écouté le guide suprême, lui demandant de "prouver sérieusement (sa) soumission au guide".
Depuis 48 heures également, "les nominations et les amitiés bizarres d'Ahmadinejad avec des gens comme Mashaie" font l'objet de débats diffusés par télévision d'Etat.