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Le changement de statut de La Poste examiné en Conseil des ministres

Le Conseil des ministres doit étudier ce mercredi le projet de loi qui prévoit la transformation de La Poste en société anonyme à capitaux publics à compter du 1er janvier 2010. Le texte fera l'objet d'un débat parlementaire à la rentrée.

AFP - L'inquiétude demeure chez les salariés et les syndicats de la Poste de voir se dégrader leurs conditions de travail et le service public rendu aux usagers, avec le projet de changement de statut de l'établissement public, qui sera présenté mercredi en Conseil des ministres.

Le texte prévoyant l'ouverture du capital sera examiné mercredi, lors du dernier Conseil des ministres avant les vacances, pour un débat parlementaire à la rentrée, afin que La Poste devienne au 1er janvier 2010 une société anonyme à capitaux publics.

La plupart des syndicats de postiers s'y opposent, malgré les tentatives du ministre de l'Industrie Christian Estrosi de les rassurer, affirmant que les capitaux seront 100% publics et que les missions publiques de La Poste (service universel du courrier, aménagement du territoire, accessibilité bancaire et distribution de la presse) "seront confortées par la loi et dotées d'un financement pérenne et transparent".

Mardi, plusieurs dizaines de postiers d'Ile-de-France, à l'appel de la CGT, FO et Sud-PTT, se sont rassemblés devant Bercy pour rappeler leur opposition au texte qui, selon eux, conduira à terme à la "privatisation".

 Ils s'inquiètent notamment pour les effectifs, comme Benoît Martin (CGT) qui dit "craindre que les réductions d'effectifs s'intensifient, car actuellement 70% des dépenses concernent la masse salariale".

Depuis 2002, déjà 50.000 emplois ont été supprimés, affirme Régis Blanchot (Sud-PTT), rappelant que La Poste a décidé en avril du non-remplacement de quatre postiers sur cinq quittant La Poste (au lieu d'un sur deux) au service courrier.

"Il suffit de voir ce qui se passe ailleurs. La poste hollandaise, qui est une société anonyme, a annoncé 11.500 suppressions d'emplois, après avoir imposé une baisse des salaires de 15%", ajoute Jean-François Lascoux (FO).

Or, "La Poste n'est pas une entreprise comme les autres, elle a un rôle de lien social", juge Maryse Dumas (CGT).

C'est aussi l'avis d'Annick Boscher, factrice à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne): "On a un lien très fort avec les usagers, on les connaît, on discute avec eux". Si La Poste se transforme, elle craint de voir ses conditions de travail se détériorer et les tournées devenir plus anonymes.

Gisèle Nouvian, au guichet d'une poste à Ivry (Val-de-Marne), craint que le texte entraîne aussi une "remise en cause de la distribution du courrier six jours sur sept" et "la disparition d'un prix du timbre unique sur tout le territoire".

D'ailleurs, à Nice, une manifestation a eu lieu mardi pour protester contre la réforme de la distribution du courrier et des tournées des facteurs, en soutien aux postiers de deux villages des Alpes-Maritimes en grève depuis 43 jours.

CGT, Sud, FO et CFTC prévoient déjà "une journée nationale unitaire de grèves et de manifestations en septembre".

La CGC et l'Unsa, bien que "favorables à une évolution du statut", ne soutiennent pas la réforme non plus, demandant une "inscription dans la loi du caractère pérenne du recours à des capitaux publics", et une "prise en charge effective par l'Etat du financement des activités et missions de services public".

Le Comité national contre la privatisation de La Poste, regroupant 80 organisations, syndicats, associations et partis (dont PS, PCF et Verts), a quant à lui prévu d'organiser le 3 octobre un référendum à bulletins secrets dans les mairies et devant les bureaux de poste.

Mardi, le PS a jugé que le texte n'était pas "justifié" et a réitéré "sa demande d'un référendum".