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L'armée traque les islamistes radicaux dans le nord du pays

Le président nigérian, Umaru Yar'Adua, assure que l'armée a lancé l'assaut final contre les bases arrières des "Taliban", dans le nord du Nigeria. Les affrontements auraient fait au moins 260 morts ces trois derniers jours, selon les autorités.

L’armée nigériane a poursuivi dans la nuit de mardi à mercredi son offensive contre une secte islamiste, accusée d’être responsable de violences qui ont fait près de 300 victimes dans le nord – musulman – du pays depuis dimanche.

Selon une source policière citée par l’AFP, 43 personnes auraient été tuées mercredi dans le seul État de Yobe.

L’opération militaire en cours a pour objectif de venir à bout de la secte islamiste de Mohamed Yusuf, suspecté d’être l’inspirateur des violences. Mardi, le domicile de Mohammed Yusuf à Maiduguri, dans l’État de Borno, ainsi qu’une mosquée de la ville, repère de ses sympathisants, ont été bombardés au mortier.

Le président Umaru Yar'Adua a affirmé mardi en fin de journée que la situation était globalement "sous contrôle" dans cette région. Il s’est engagé à mettre un coup d’arrêt "définitif" aux exactions des insurgés islamistes.

"Des combats sporadiques se poursuivent quatorze heures après ces attaques", rapporte Lanni Smith, correspondante de Radio France International à Lagos.

“Le nord est complètement verrouillé”, affirme-t-elle, ajoutant que les insurgés semblent “plus armés qu’on ne l’imaginait”. 

Un nouvel Afghanistan ?

La secte islamiste, surnommée Boko Haram, est apparue en 2004 à Maiduguri. Elle veut débarrasser la société nigériane de ce que les insurgés appellent "l'immoralité" et "l'infidélité" et rêve d’instaurer un nouveau régime sur le modèle des Taliban en Afghanistan. Elle a d’ailleurs surnommée sa base, installée dans le village de Kanamma (État de Yobe), "Afghanistan".

“Une grande majorité de ses membres sont d’anciens étudiants ayant abandonné l’université”, raconte Lanni Smith. En rejoignant les rangs des insurgés, ajoute-elle, ils ont accepté le principe selon lequel “aucune analyse scientifique au monde n’est acceptable”. 

"Leur objectif ultime est de renverser l’État, qu’ils accusent d’être sous la coupe de l’occident”, rapporte aussi la journaliste.

"Ces gens sont organisés, s'infiltrent dans notre société, se procurent des armes et rassemblent des informations sur la manière de fabriquer des explosifs et des bombes afin d'imposer leur vision au reste des Nigérians", a déclaré mardi le président Umaru Yar'Adua.

Des violences en réaction à la modernisation forcée du pays ?

Selon Douglas Yates, professeur de sciences politiques à l’Université américaine de Paris, l'émergence de ce groupe pourrait s’expliquer par les difficultés rencontrées par le pays alors qu’il se développe. Le Nigeria vit actuellement “une période de transition vers une modernisation de l’État et une laïcisation de l’éducation – ce qui représente une menace pour la tradition – sans qu’aucune croissance économique ne s’ensuive", explique-t-il.

Des centaines de personnes vivant dans les zones de combat ont été déplacées depuis lundi. La nourriture commence à manquer dans les magasins et sur les marchés qui n’ont pas ré-ouvert depuis dimanche.

Les premiers combats ont éclaté dimanche matin à Bauchi après que la police a déjoué une attaque des islamistes radicaux contre l'un de ses postes. Ils se sont ensuite étendus à l’État de Yobe. Selon les autorités 55 personnes étaient déjà mortes dans ces deux État avant que les violences ne se propagent à Maiduguri, bastion des islamistes. Durant la seule journée de lundi, les combats entre les forces de sécurité et les islamistes dans cette ville ont entraîné la mort d’au moins 206 personnes, a rapporté à l’AFP une source policière.

Les quatre États du nord du pays concernés – Bauchi, Yobe, Kano and Borno – font parties des douze États ayant instauré en 1999 la charia comme système légal. Depuis novembre 2008, époque où des ONG avaient dénoncé la mort de près de 700 personnes lors de combats entre chrétiens et musulman dans la ville de Jos, jamais les violences n’avaient fait autant de victimes que celles qui ont débuté dimanche.

Le Nigeria est divisé entre une partie nord, à majorité musulmane, et le sud, essentiellement peuplé de chrétiens.

 

Tags: Islamisme, Nigeria,