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"À la Ghouta, le régime se sert de l'aide humanitaire comme d'une arme"

Bombardements, blocus, famine... Depuis 2013, la Ghouta, région rebelle dans la banlieue de Damas, est en première ligne de la guerre syrienne. Mohammad Alolaiwy, de Syria Charity, dresse un état des lieux de la catastrophe humanitaire qui s'y joue.

Depuis 2013, plus de 360 000 personnes vivant à la Ghouta, région rebelle dans la banlieue est de Damas, sont soumises à un blocus de la part des forces syriennes de Bachar al-Assad. Cible régulière de frappes aériennes, la Ghouta, située à quelques kilomètres seulement du palais présidentiel, fait pourtant partie des quatre zones de désescalade instaurées par la communauté internationale dans plusieurs régions du pays pour assurer le respect d'une trêve dans les combats.

"La désescalade n’a jamais été respectée dans la banlieue de Damas, témoigne Mohammad Alolaiwy, président de l'ONG Syria Charity. Bien au contraire, il y a eu une augmentation du nombre de bombardements depuis la fin du mois du ramadan. Pas plus tard que vendredi [3 novembre], nos équipes sur place ont recensé sept morts dans des bombardements."

"Des nourrissons sont morts de faim"

La zone est également en proie à une importante crise humanitaire, causée par des pénuries de nourriture et de médicaments qui ont provoqué des centaines de cas de malnutrition infantile. "Depuis cinq mois, nous avons constaté que le blocus a été renforcé et il est pratiquement impossible de faire entrer la moindre denrée alimentaire, rapporte Mohammad Alolaiwy. Les habitants de la Ghouta vivent uniquement grâce à des tunnels qui ont été creusés ces cinq dernières années. Il faut donc s’imaginer une ville, constamment bombardée,et dont le revenu par habitant dépasse à peine 50 euros par mois, et où le riz coûte désormais 15 euros le kilo. Des cas de famine sont apparus et des nourrissons sont morts de faim."

Selon le président de l'ONG, Damas a instauré un blocus afin de contraindre les forces rebelles à se retirer, "mais ce sont les civils qui souffrent le plus de cette politique qui, finalement, se sert de l’aide humanitaire comme d’une arme."

Moins médiatisée que les événements qui ont frappé Alep ou encore Kobané, la situation dramatique que vit quotidiennement la Ghouta dure depuis cinq ans. "Aujourd’hui, il est important de pouvoir mettre en lumière la souffrance de ses habitants qui ne bénéficient pas des accords internationaux. Ce sont des populations civiles qui n’ont rien demandé et qui se retrouvent pris en otage par les drames de cette guerre", indique l’humanitaire.

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