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Venezuela : menacé de défaut de paiement, Caracas donne rendez-vous à ses créanciers

Le chef de l'État vénézuélien, Nicolas Maduro, a invité les créanciers le 13 novembre à Caracas afin de "lancer un processus de refinancement et de renégociation de la dette externe" qui menace le pays d'un défaut de paiement.

Alors que l'hypothèse d'un défaut de paiement du Venezuela ne cesse de se renforcer, Caracas a donné rendez-vous à ses créanciers. "Je dis aux investisseurs du monde entier et aux détenteurs de dette vénézuélienne : je vous convoque le 13 novembre à Caracas pour lancer un processus de refinancement et de renégociation de la dette externe", a déclaré le chef de l'État, Nicolas Maduro.

Jeudi 2 novembre, ce pays pétrolier, pris en étau entre la crise économique et les sanctions financières imposées par les États-Unis, avait annoncé une restructuration de sa dette extérieure évaluée à 155 milliards de dollars pour tenter d'éloigner le spectre du défaut de paiement.

"Asphyxier"

"Je décrète un refinancement et une restructuration de la dette extérieure et de tous les remboursements du Venezuela", avait fait savoir le président, assurant que son pays ne se laisserait pas "asphyxier" par "l'empire américain ou un autre".

Vendredi, le vice-président Tareck el-Aissami, chargé de conduire ce processus, en a profité pour annoncer que le groupe pétrolier vénézuélien d'État PDVSA avait commencé à rembourser 1,1 milliard de dollars d'un bon à échéance 2017. Ce versement intervient quelques jours à peine après avoir remboursé 841,88 millions de dollars d'amortissement d'un bon à échéance 2020. Comme la semaine dernière, si l'entreprise d'État avait raté le coche, le pays serait tombé automatiquement en défaut de paiement.

Cette annonce d'une réunion des créanciers a conduit l'agence de notation Fitch à abaisser à "C" la note de la dette vénézuélienne, estimant qu'"un défaut de paiement est hautement probable". Standard and Poor's a enchaîné en abaissant sa note, qui passe de CCC- à CC.

Un pied hors du système financier

Le Venezuela a déjà un pied hors du système financier : le Fonds monétaire international (FMI) a rappelé vendredi que le pays était "en violation" des règles de l'institution puisqu’elle n'a plus accès à ses données économiques complètes depuis de nombreuses années.

Tareck el-Aissami a rappelé que depuis 2014, le Venezuela, qui compte les réserves de pétrole les plus importantes de la planète, avait déjà remboursé 71,7 milliards à ses créanciers internationaux.

"Nous voulons dénoncer l'agression et le sabotage permanents, le blocus et le harcèlement financier dont a été victime le peuple de la part du gouvernement de Donald Trump", a ajouté le vice-président, auquel le Trésor américain a infligé en début d'année des sanctions financières pour trafic de drogue. "Nous allons lancer un processus de renégociation de notre dette et nous allons continuer à tenir nos engagements, de façon transparente, comme l'a toujours fait notre gouvernement", a-t-il dit.

Pour ajouter au sentiment de confusion, le Parlement, tenu par l'opposition mais qui a vu ses pouvoirs considérablement limités par le gouvernement, a annoncé vendredi qu'il ne reconnaîtrait pas une restructuration de la dette qui n'aurait pas été approuvée par cette instance.

Mais cette menace devrait rester lettre morte en raison du rôle de l'Assemblée constituante, à la main du président Maduro. Installée début août, cette instance aux pouvoirs élargis chargée de rédiger une nouvelle constitution s'est attribuée la plupart des compétences du Parlement.