![L'appel au secours des derniers fidèles français du Kurdistan L'appel au secours des derniers fidèles français du Kurdistan](/data/posts/2022/07/22/1658519520_L-appel-au-secours-des-derniers-fideles-francais-du-Kurdistan.jpg)
À Paris, un dernier groupe de fidèles de la cause kurde a lancé jeudi soir un appel à briser l'encerclement et à rendre justice aux combattants qui ont été les fers de lance de la défaite des jihadistes du groupe État islamique.
C'est le dernier carré des amis du Kurdistan. Ou plutôt un carré à cinq, un pentagone, donc : Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner, compagnon de la première heure, aîné des "french doctors" et ancien ministre des Affaires étrangères, auxquels sont venus s'adjoindre l'essayiste Caroline Fourest, l'ancien Premier ministre Manuel Valls et la maire de Paris Anne Hidalgo. Ces cinq-là ont pris la parole jeudi 2 novembre dans une salle de cinéma pleine à craquer de Saint-Germain-des-Prés. Ce sont les derniers "VIP" à se révolter contre la lâcheté des grandes puissances qui, il y a encore quelques semaines, louaient le courage des peshmerga, ces combattants kurdes seuls à combattre au sol les jihadistes de l'organisation État islamique (EI), et à les défaire.
Un réel amour de la France
À peine avaient-ils ouvert la voie à l'armée irakienne pour qu'elle entre en libératrice dans Mossoul, la deuxième ville du pays, et juste avant que les Kurdes syriens ne chassent l'EI de leur "capitale" Raqqa, la même armée irakienne, appuyée par les milices chiites entraînées et financées par Téhéran, se jetait sur Kirkouk que les Kurdes, minés par une trahison interne, devaient abandonner quasiment sans combattre. Depuis, la province autonome du Kurdistan irakien, réduite à son territoire d'origine, se trouve complètement coupée du monde. Son espace aérien, fermé par le gouvernement central de Bagdad, comme ses frontières terrestres.
Ce n'est pas la première fois que les Kurdes se retrouvent seuls, abandonnés par ceux qui se disaient leurs alliés contre l'EI. États-Unis en tête. Mais cette fois-ci plus encore, les Kurdes ont cru aux louanges des Occidentaux, et que le fait de les débarrasser du cancer de l'EI au nom de valeurs démocratiques communes leur vaudrait enfin reconnaissance de leurs droits nationaux mentionnés depuis 1920 par le traité de Sèvres. Une fois de plus, ils ont le sentiment d'avoir été trahis.
Autour de ces derniers défenseurs de la cause kurde, et du président de l'Institut kurde de Paris Kendal Nezan, des militants kurdes brandissant leurs couleurs, des intellectuels français, quelques élus parisiens aussi, tous venus rappeler, avec Bernard Kouchner, qu'il existe un réel "amour", entre la France et le Kurdistan, dont il faut entretenir la flamme. Manuel Valls, face à Anne Hidalgo, fruit de la même histoire familiale, a évoqué, lui, le souvenir douloureux du Front populaire qui n'intervint pas en Espagne pour défendre les républicains face au danger fasciste.
Quand les États-Unis laissent l'Iran tirer les marrons du feu alors que, par ailleurs, Donald Trump ne cesse de dénoncer la menace régionale que constitue Téhéran, on se perd en conjecture. Quand le gouvernement français tente de défendre coûte que coûte la fiction d'un Irak fédéral uni, il faut bien que quelques-uns, dans la grande tradition française des intellectuels d'action, se dressent contre cette "capitulation sans précédent" (BHL), dénoncent l'attitude "diplomatique assez méprisante" de la France (Kouchner) et le feu vert donné par la coalition internationale à l'Iran pour qu'elle repousse les Kurdes.
La "saloperie" du parallèle avec la Catalogne
Quant à la question du référendum organisé par le président kurde Massoud Barzani, auquel on a reproché une absence de réalisme et une mauvaise appréciation du rapport de forces diplomatique, il a sans doute servi de prétexte à une offensive conjointe et planifiée de tous ceux qui ne veulent pas d'un Kurdistan irakien indépendant, à commencer par la Turquie et l'Iran. Offensive du reste assez contenue. Car si Kirkouk, où les milices chiites se sont livrées à des massacres et à des pillages, n'a pas été défendue, les Kurdes tiennent fermement la frontière sur laquelle ils se sont repliés.
Les 94 % de "oui" à l'indépendance actent la volonté des Kurdes de rompre avec Bagdad. Bernard-Henri Lévy à dénoncé la "saloperie" du parallèle fait avec le référendum catalan, car en aucun point les deux situations ne sont comparables. Et Kendal Nezan relève que la cour fédérale de Bagdad, qui fait office de Cour suprême, n'a pas été en mesure de condamner ce vote comme anticonstitutionnel. Les Kurdes sont déterminés à continuer à se battre pour sortir de cette "union libre" qu'est l'Irak. Et ce n'est pas le comportement des Irakiens à Kirkouk qui y changera quoi que ce soit.
Général Hajar Aumar Ismaïl lors du rassemblement #SupportKurdistan au cinéma St-Germain
Le Général Hajar Aumar Ismaïl lors du rassemblement #SupportKurdistan au cinéma St-Germain. pic.twitter.com/yVXDcKbMKZ
La Règle du jeu (@laregledujeuorg) November 2, 2017Clou de la soirée, l'intervention du général peshmerga Hajar Ismail, qui a pu déjouer l'encerclement du Kurdistan pour assister à cette "soirée de combat" : "Nous avons combattu Saddam Hussein, nous avons triomphé de l'EI, maintenant c'est le tour des chiites. Le crime reste le crime. Les visages changent, mais la culture, la mentalité restent les mêmes."