
Après des mois de déprime, les places boursières retrouvent des couleurs et le sourire. Malgré cet optimisme ambiant, une question perdure : combien de temps les traces laissées par la crise vont-elles mettre à disparaître ?
New York, Londres, Tokyo… Les grandes places boursières mondiales reprennent des couleurs. A Paris, le CAC 40, a enchaîné neuf séances consécutives de hausse, Wall Street a progressé de plus de 35 % depuis mars et Hongkong de 76 %. De quoi redonner le sourire aux traders.
"Je suis convaincu qu’il y a une reprise mondiale, affirme Olivier Griffith, président de la Chambre américaine de commerce à Paris. L’Asie est en avance, suivie des Etats-Unis. Certes, il est très probable que la Bourse chute de nouveau, c’est comme les montagnes russes. Mais des montagnes russes orientées vers le haut."
Après des mois de déprime, certaines banques européennes et américaines annoncent, de leur côté, des profits records. Même enthousiasme dans les entreprises. Danone, Schlumberger, Apple, 3M, par exemple, affichent des résultats positifs.
La tendance devrait d’ailleurs se poursuivre, selon Olivier Griffith. "La production industrielle va redémarrer parce que les inventaires sont extrêmement bas. La consommation, qui représente une grande part du PIB américain, va reprendre aussi", ajoute-t-il, expliquant que consommer est inhérent à la mentalité américaine.
La reprise, dépendante de la Chine
La Chine, parce qu’elle dispose d’énormément de liquidités et peut ainsi stimuler son économie, a un rôle essentiel à jouer pour favoriser une reprise rapide de l’économie. "Son système bancaire est plus sain et le pays est le premier producteur mondial", rappelle le spécialiste américain.
Pour cette raison, et malgré les nombreuses divergences qui existent entre Washington et Pékin (déséquilibre des échanges commerciaux, monnaie chinoise sous-évaluée aux yeux de Washington, droits de l’Homme), le président Barack Obama a plaidé, lundi, pour une coopération tous azimuts avec la Chine.
Des niveaux d’activité extrêmement déprimés
"Le pire de la crise est derrière nous et, partout, l’activité a arrêté de se contracter, reconnaît lui aussi Anton Brender, professeur à l’université Paris-Dauphine et directeur des Études économiques de Dexia Asset Management. On est sur des niveaux d’activité extrêmement déprimés, pondère-t-il toutefois. L’activité va reprendre parce qu’on a touché le fond mais on est descendu très bas." Et l’expert de citer en exemple l’Allemagne, où tout le monde vante la reprise. "La production était tombée à 20 % en dessous du niveau où elle était il y a six mois. La reprise lui permet d’être maintenant à un peu moins que 20 %." La véritable question, selon Anton Brender, est de savoir à quel rythme les traces de la crise vont s’effacer.
"Aux Etats-Unis, le chômage va augmenter jusqu’à 10,5 % l’année prochaine", estime Olivier Griffith. Au mois de juin, 467 000 emplois ont déjà été supprimés, portant le taux de chômage aux Etats-Unis à 9,5 %. Partout dans le monde, les plans sociaux prolifèrent et le chômage perdure. Pour l’heure, l’économie réelle semble bien déconnectée de la finance mondiale…